A l'automne 1941, Frenay qui jusque là avait gardé des rapports fructueux avec le 2e bureau de l'armée d'armistice puisque le capitaine Garon lui remettait chaque semaine des renseignements pour les Alliés, se voit soudain accuser de complaisance gaulliste. Il répond :"Nous avons l'intention de nous rassembler autour du général De Gaulle...le plus vite possible." Garon lui signifie sèchement qu'ils n'ont plus rien à ne se dire car le 2e Bureau suit Pétain.
Dans les jours qui suivent, ses compagnons sont arrêtés et Berty Albecht est cuisinée des heures durant sur ses relations avec lui.
Les services américains qui misaient sur Vichy tentent de noyauter les mouvements; les anciens collègues de Frenay rompent avec lui; la police de l'Etat français traque les membres de son réseau et tout cela à partir du moment où Frenay et ses camarades reconnaissent le besoin d'une figure emblématique autour de laquelle se fédérer : De Gaulle et la France libre. (On est alors loin des terribles brouilles avec Jean Moulin de 1943...)
Ce retournement est révélateur de l'état d'esprit chez la majorité des officiers de l'armée de Vichy !
Mais le plus extraordinaire, c'est de voir une administration américaine démocrate dont le président va bientôt lancer son pays dans une croisade pour la liberté des peuples entretenir les meilleures relations avec un Etat français anti-républicain, antisémite et anglophobe et mener contre De Gaulle et les Français LIBRES des opérations de déstabilisation et de discrédit sous le prétexte de menées "bonapartistes" à Londres ...! Un état d'esprit qui allait empirer après l'entrée en guerre des Etats-Unis.
Roosevelt, par l'entremise de Dulles et l'OSS, jouait Pétain contre De Gaulle...
On peut comprendre le trouble de certains responsables de mouvement.
Amicalement
René |