Bonjour ou bonsoir,

Dans ces récits de l'Exode - outre la dimension quasi biblique de certaines descriptions d'acteurs et de témoins- ce qui me fascine, c'est d'apprendre qu'au milieu du chaos, de la débandade et de l'incurie civile et militaire générale, un groupe de soldats, parfois à peine l'équivalent d'une compagnie, décident de ne plus reculer. Ils mettent leur canons ou leurs fusils-mitrailleurs en position et attendent les éléments avancés de l'armée nazie afin de les arrêter. Malgré la pression des "responsables" civils (maires, sous-préfets, etc) qui les prient d'aller faire leur guerre plus loin, l'absence d'ordres supérieurs, ils ne bougent plus, ils ne reculent plus.
Toutes proportions gardées, ça me fait un peu penser aux chasseurs de Driant à Verdun. Après l'un des plus effroyables bombardements qu'ait jamais subi une unité, les survivants, ceux qui n'ont pas été pulvérisés, même hébétés, choqués, ceux qui sont encore capables de ramasser un fusil ou une grenade, au lieu de reculer vers les lignes françaises, se mettent à tirer sur les troupes de choc allemandes qui avancent impunément dans le paysage saccagé... Protestation contre l'horreur ?
Il doit y avoir un irréductible sentiment de dignité qui se manifeste chez certains individus alors que tout est perdu, une sorte d'ultime révolte contre l'abandon, la lâcheté et l'esprit moutonnier qui pousse des soldats isolés à cesser de reculer et à attendre l'ennemi.
Les 100'000 morts de mai-juin 1940 nous le disent. terriblement.

Cordialement,

René Claude