Une confrontation intéressante (le 5 décembre 2018, soit deux mois et demi après l'éclatement de la polémique) avec Daniel Schneidermann, auteur, lui, au même moment, d'un livre utile sur le nazisme :
Ingrao dit qu'il a voulu se rendre utile, en mettant à la portée du grand public un résumé des "grandes biographies" de Kershaw, Longerich et Ullrich... et en les complétant par d'autres "acquis de l'historiographie".
Alya Aglan se montre très bon public, en affirmant que le petit livre des PUF est éclairant.
Daniel Schneidermann ne connaît, dit-il, pas assez le Troisième Reich ni son chef pour en juger. Son livre porte sur la vision du nouveau régime par les correspondants des journaux étrangers, et sur la censure de leurs articles par les directeurs de journaux quand ils leur semblent trop critiques.
Il insiste sur Mein Kampf et la haine de la France qui s'y déploie, et le fait que Hitler, une fois au pouvoir, déploie de grands efforts pour la faire oublier, notamment dans l'interview qu'il donne à Bertrand de Jouvenel en 1936.
Ingrao ne relève pas... alors que la Bible nazie fait partie de la grande famille des parents pauvres de son livre. Ce livre (MK, s'entend !), Alya Aglan n'a "pas du tout envie de le lire".
Il avance une idée très discutable : le fait qu'un grand nombre d'Allemands auraient été "séduits par l'utopie" que leur présentait le nazisme. Schneidermann estime plutôt que les réussites économiques expliquent l'adhésion au régime.
Interrogé sur l'édition française de MK en préparation, Ingrao dit qu'il y aura "25% de notes de bas de page" et une "transposition" plutôt qu'une traduction ; ce n'est qu'une "stylisation" d'un moment où l'auteur est en prison.
L'aspect le plus utile de cette émission me semble être l'accent mis sur l'hostilité foncière de Hitler envers la France...
... tellement oubliée, encore, dans les récentes considérations sur le 80ème anniversaire du déclenchement de la guerre.
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Un mot sur l'animateur, Laurent Goumarre : il présente le livre comme s'il s'agissait d'une sortie récente. Sans ressasser les piques, encore une fois médiocres, administrées par André Loez, il aurait été convenable de rappeler, fût-ce dans un coin de phrase, que l'atterrissage avait été mouvementé.