Bonjour
je me réjouis également de votre venue.
Je possède moi-même un exemplaire du Maréchal aux liens (un témoignage souvent précieux, par exemple sur la préparation préventive et germanique du discours de Pétain diffusé le jour du débarquement) avec, p. 120, le paragraphe litigieux remplacé par la mention du jugement (il est indiqué que le passage concernait de Lattre).
Je fais observer que Tracou ne fait que rapporter un propos de Laval, postérieur de trois ans environ aux faits relatés. C'est ce qu'on appelle un témoignage très indirect, et c'est vraisemblablement cela qui a permis d'en obtenir le retrait.
Sur le texte lui-même, il est fort étonnant que de Lattre remercie de sa nomination à Clermont (où il a pris ses fonctions le 4 juillet, lendemain de Mers el-Kébir) un ministre civil, peu passionné par les questions militaires et assez marginal dans le gouvernement en dépit de son titre de vice-président du conseil (c'est la réussite de son opération "parlementaire" des 9 et 10 juillet qui va vraiment le mettre en selle, sans pour autant lui donner barre sur Weygand, tout-puissant ministre de la Défense).
Il est encore plus étonnant qu'il lui demande de le nommer à la tête d'une division.
Mais sur le fond il y a peut-être quelque chose de vrai. J'ai toujours pensé (enfin, depuis 1995 environ, lorsque j'écrivais mon livre sur Montoire et découvrais l'ampleur des trucages du journal de Baudouin) que le gvt de Vichy était acquis à l'idée d'une déclaration de guerre à l'Angleterre au lendemain de Mers, que c'est Hitler qui avait douché les ardeurs en ne desserrant que très peu les clauses de l'armistice et que Laval était l'un des moins excités.
Dans cette ambiance, où Weygand lui-même perdait ses nerfs, j'imagine assez bien que de Lattre formule une telle requête et je conçois tout à fait qu'en 1948 il ait modérément apprécié qu'elle refît surface.
Mais il siérait d'être aussi équitable avec Thorez qu'avec Tracou ! La drôle de guerre portait bien son nom, elle était faite uniquement, en France, contre le PCF et il n'était pas immoral qu'il mît son secrétaire général à l'abri (vraisemblablement sans avoir demandé son avis, puisqu'il était simple soldat et privé, comme tel, de toute communication avec la direction clandestine). Lui coller, comme on le fait encore de nos jours dans certains milieux, l'étiquette de "déserteur" et reprocher à de Gaulle d'avoir permis son retour en octobre 1944 est la marque d'une partialité certaine. |