Bonsoir,
Sigmaringen, septembre 1944.
Pétain et son entourage effectuent une promenade après déjeuner. Pétain constate qu'une garde de miliciens, postée à l'entrée du château, lui rend les honneurs.
Jean Tracou, directeur du Cabinet civil de Pétain, Le Maréchal aux liens, Editions André Bonne, 1948 (p. 429) "raconte" : Madame Laval remarque la tenue correcte, impeccable, de ces jeunes gens; - Il y a tout de même de bonnes petites têtes de Français dans cette Milice, dit-elle à son mari.
- Certes, répondit-il, il y a des gens très bien. Il y a même le fils du Général Leclerc.
Il y a, en effet, dans la Milice, à côté de véritables bandits, des jeunes gens de la meilleure souche française. Animés d'une mystique anti-communiste, ils ont été entraînés par des chefs souvent dénués de scrupules. Un mot eût suffi à les éclairer, à les ramener, une fois la liberté recouvrée. Le jeune Leclerc aurait certainement, s'il l'avait pu, emmené à sa suite ses jeunes camarades qui ne demandaient, comme lui, qu'à se dévouer au service de la Patrie. Ils ont été, presque tous, sauvagement massacrés. ******
Pierre Ordioni, Mémoires à contretemps 1945-1972, Nouvelles Editions Latines, 2000 (chapitre 1 : Détournement de destins, p.14) à propos d'un milicien recherché par la Justice et souhaitant s'engager dans la Légion étrangère : Il n'a pas pour lui la protection dont a joui le fils aîné du général Leclerc, Henri de Hautecloque, engagé dans la Milice en Picardie, expédié au plus vite vers Saigon, où il trouvera une mort glorieuse. Jean Tracou sinon Pierre Laval, en 1944, pouvaient-ils déjà savoir que le fils du général Leclerc (Philippe de Hautecloque qui changea son nom en Leclerc pour éviter des représailles contre sa famille) s'était engagé dans la Milice ? En outre, Jean Tracou, vouant un culte quasi mystique à Pétain, n'en est pas à une affabulation près.
Pierre Ordioni, auteur engagé, viscéralement allergique au général de Gaulle et à son entourage, ne reprend-il pas une rumeur ?
Bien cordialement,
Francis. |