... juste une invitation à la mesure
Je trouve en effet remarquable l'humilité de Heinz Höhne qui ne fait pas de synthèse lorsqu'il a l'impression qu'il n'a pas tous les éléments nécessaires à la synthèse (alors qu'il en a plus que quiconque.)
L'exemple que vous relevez sur la tentative de rencontre entre Canaris, Menzies et Donovan n'est pas une invention de Höhne. On trouve bien la trace de la demande qui a bien été transmise par Langbehn au travers de Hans-Eduard Riessner, Gero von Gaevernitz, Allen Dulles. On trouve bien les traces de l'intérêt marqué par Menzies et c'est bien Donovan qui s'est opposé par écrit au principe même de cette réunion [par peur selon moi de la réaction des alliés soviétiques.]
De la même façon le raccourci déductif insidieux sur les actions de Canaris pendant la période des Frei Korps et son rôle précis et réel dans la lutte contre l'internationale communiste autour de l'assassinat de Rosalie Luxenburg dite Rosa Luxembourg et de Karl Liebknecht est juste tendancieux. Monsieur Kerjean trouverait certainement sa place au Canard Enchaîné familier de ce type d'assimilations et de méthodes.
Mais encore une fois je n'ai pas le temps alors que je suis plongé dans la rédaction (enfin) du Fil d'Ariane, de rentrer dans un débat documentaire sur Canaris.
Je souhaite juste vous inciter, en tant qu'historien dont j'apprécie la capacité à reconsidérer les vérités analytiquement établies, à la mesure puisque Kerjan est autant l'opposé de Heinz Hoehne que de François Delpla : beaucoup d'analyse inductive, peu de recherche et de rigueur documentaire et un dédain pour tout ce qui pourrait remettre en question son hypothèse initiale.
Les raisonnements inductifs sont précieux pour la nécessaire reconsidération des thèses de l'establishment mais il est toujours nécessaire, à un moment, de passer à une analyse déductive honnête en plaidant à charge et à décharge sur l'hypothèse initiale.
Balayer d'un revers de main ou simplement ignorer les preuves contraires n'est pas faire oeuvre d'historien. |