DL : Boguslaw Woloszánski, dans son livre 39-45 : Les dossiers oubliés, Editions Jordan, 2010, parle de Canaris sur plus de 80 pages. Cet ouvrage ne figure pas dans votre bibliographie. Pourquoi ? Manque de fiabilité ?
EK : Je lirai un ouvrage de ce journaliste lorsqu'il fera oeuvre d'historien et citera ses sources.
Tout-à-fait d'accord. En ouvrant un autre titre de cet auteur** (reçu en service de presse), j'ai eu l'impression de glisser par une faille spatio-temporelle dans les années 60 et 70 lorsque des éditeurs en mal de coups publiaient ce genre d'ouvrages avec des titres accrocheurs sans bibliographie ni mention des sources (archives), deux éléments indispensables à la crédibilité d'un travail historien.
A propos de la disgrâce organisée:
DL : S’il est clair que la “disgrâce” de l’Amiral en février 1944 est destinée à faire de lui un négociateur « présentable » pour tenter une paix séparée, pourquoi l’arrêter le 23 juillet, éliminant ainsi toute chance pour lui d’avoir des contacts positifs avec les Occidentaux ?
EK : Bien au contraire, l'arrestation de Canaris contribua aussi à lui rendre une virginité politique. Et si l'ancien chef de l'Abwehr fut maintenu en vie pendant plus de huit mois après sa mise aux arrêts, il faut certainement y voir des raisons diplomatiques. Himmler et Hitler pouvaient le sortir de geôle à tout moment et le présenter aux négociateurs. Autrement dit, Canaris n'avait rien perdu de son intérêt aux yeux des dirigeants nazis.
Quels sont les éléments nouveaux sur lesquels le chercheur s'appuie pour affirmer la réalité historique d'une mise en scène par Hitler et Himmler de la disgrâce de Canaris dans l'optique de négociations ? Vous me passerez l'expression, mais je trouve que c'est la partie de la bio où ça coince un peu...
RC
* Je ne sais plus comment coller l'accent aigu sur le "a", désolé. ;)
** Il s'agissait de 40-45: la guerre secrète d'Hitler. (Je m'étais posé la question de la fiabilité de la traduction que je trouvais maladroite, un peu bâclée...) |