puisqu'il faut, paraît-il, développer, Pétain n'est pas Churchill. Il est très réservé devant une entrée en guerre à propos de la Pologne et garde, dans son ambassade en Espagne, de bon rapports avec son collègue allemand.
Ses déclarations de Montoire (24/10/40) sont certes postérieures d'un an, mais gratinées, et ne portent pas la marque d'un vif effort pour masquer sa pensée réelle :
"Le Führer commença par exprimer son regret d’avoir à rencontrer le maréchal Pétain dans des circonstances aussi pénibles. Il aurait été heureux, s’il en avait eu la possibilité, de faire plus tôt la connaissance du maréchal. L’entretien de ce jour constituait aussi la réponse à la lettre que le maréchal lui avait envoyée quelque temps auparavant.
Le maréchal répondit qu’il était très satisfait de l’accueil du Führer, malgré l’atmosphère douloureuse qui régnait partout. Il avait été particulièrement frappé de la compréhension que le Führer lui manifestait dans la situation difficile où il se trouvait. Sa position était vraiment tragique. Il avait toujours été contre la guerre avec l’Allemagne. De précédents gouvernements français l’avaient pour cette raison envoyé comme ambassadeur en Espagne. Quand la crise s’annonça en 1939, il avait demandé par deux fois qu’on le rappelle pour qu’il puisse reprendre ses fonctions au conseil supérieur de la Guerre. Car d’après ses informations la France était sur le point de se lancer dans une aventure funeste. Cela fut pour lui un moment très pénible et, quand pour finir il avait appris la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, il avait réussi à grand-peine à garder ses préoccupations pour lui. Il tenait cette déclaration de guerre pour une grande folie. Lui qui avait toujours été contre cette guerre, voilà qu’il était appelé maintenant à expier les fautes des gouvernements précédents. "
(début du procès-verbal, archives allemandes

)