Bonjour,
Les historiens qui se sont penchés sur l'histoire de l'épuration sont muets sur les causes du décès de Louis Renault.
- Jean-Paul Cointet, Expier Vichy - L'épuration en France, 1943-1958 : une seule référence page 348 au chapitre "L'épuration légale. Quel bilan ?" Le 5 septembre 1944, le commissaire de la République de la région de Lyon, Yves Farge, réquisitionne la Société des automobiles Berliet à Vénissieux. Marius Berliet voit ses biens confisqués. Il est accusé d'avoir accepté des fabrications pour l'occupant : autorisation à importer de la zone nord un tonnage égal à celui exporté vers cette même zone.
Le 22 juillet 1949, le Conseil d'Etat annulera l'arrêté du 1er août 1944 nommant un administrateur provisoire. La société Berliet sera restituée à ses actionnaires.
La conclusion sera différente dans l'affaire Renault. Incarcéré à Fresnes le 22 septembre 1944, Louis Renault y décède le 24 novembre. Le 15 novembre, le Conseil des ministres avait décidé la confiscation de ses biens. Le 16 janvier 1945, une ordonnance porte nationalisation des usines de Billancourt. - Bénédicte Vergez-Chaignon, Histoire de l'épuration
- page 50, au chapitre "La trahison appelle la vengeance":
Les archives de la France libre montrent aussi que, dès la fin de 1940, des informations parviennent à Londres pour recenses ceux qu'on appelle les traîtres, en l'occurrence ceux qui fréquentent assidûment l'occupant pour en tirer profit. Sont par exemple cités l'industriel Louis Renault, l'aviateur Michel Detroyat ou l'actrice Danielle Darrieux. Au même moment on commence à dresser une liste d'entreprises "travaillant pour l'ennemi.
- page 210 et 211, au chapitre "L'épuration économique a-t-elle eu lieu ?"
Il existait une forte demande d'épuration, qui a été attisée par la presse, en particulier communiste. La Libération de Paris n'est même pas accomplie que la campagne est déjà lancée contre Renault, érigé en parangon la collaboration économique. "Justice contre les traîtres et les profiteurs de la trahison. Les dirigeants des usines Renault devront payer" (l'Humanité, 12 septembre 1944).
(...) Le 26 septembre, après que Louis Renault et son directeur général ont été inculpés de commerce avec l'ennemi et écroués, les usines sont réquisitionnées et dotées d'un administrateur provisoire. (...) après la mort de Louis Renault, ses biens sont confisqués sur décision gouvernementale et l'entreprise est nationalisée dès le 23 décembre 1944. D'ailleurs, l'épuration judiciaire a débuté pour Renault dès le 4 septembre avec la nomination d'experts-comptables par le tribunal de la Seine, c'est-à-dire avant même que n'existent les juridictions d'épuration.
- page 377, au chapitre "Cours de Justice : la trahison jugée".
En annonçant la création des cours, le journaux nationaux ont fait miroiter aux lecteurs les perspectives spectaculaires de prochains procès : Bonny et sa bande de gestapistes français, les assassins de Georges Mandel, Louis Renault... Bref, les deux historiens ne disent rien sur les circonstances de la mort de Louis Renault. Par contre, notons que, dès 1940, Louis Renault est en ligne de mire comme "l'homme à abattre".
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Que ces infos soient également le prétexte pour signaler que d'intéressants échanges se déroulent ou se sont déroulés à partir d'ici -  - et plus particulièrement les suivantes.
Bien cordialement,
Francis. |