Ca m'étonne moyennement, la collection "J'ai lu" proposant un catalogue dense mais à la qualité apparemment variable.
L'écart entre culture populaire et Histoire (avec un grand H) sont parfois béants, mais j'ai l'impression que c'est encore plus le cas quand on traite du monde du renseignement. Les informations de bases étant parcelaires et de côtés qu'on peut confronter, les auteurs ont peu de repères et peuvent être tentés de voir une explication toute nouvelle qui révolutionnerait la compréhension d'un évènement.
Et c'est ainsi qu'on a Sorge plus important pour la déstalinisation de Krouchtchev que pour la grande guerre patriotique, Gehlen décrit comme un maître-espion mais dont le service était bourré de taupes, Vladimir Vetrov "Farewell" qu'aucun auteur français ne relativise à la dizaine de taupes qu'avait alors la CIA dans le KGB, l'exercice "Able Archer" qui a failli déclencher la fin du monde mais dont aucun officiel ex-soviétique autre qu'Oleg Gordievsky ne se souvient...
Et dans un autre domaine, Enigma qu'aucun livre sur la Seconde Guerre mondiale ne peut s'abstenir de citer, mais dont la portée n'est jamais évaluée clairement. Par contre, aucun mot sur les succès des décrypteurs allemands (sauf pour dire que la machine américaine SIGABA est restée indécryptable... mais SIGABA était beaucoup moins employée qu'Enigma), ni aucune info sur ce qu'ont fait les décrypteurs soviétiques attaquant Enigma. |