Quatrième de couverture
H.H. Kirst
Bien que sa famille soit d'origine autrichienne, ce fut en Prusse Orientale que naquit, le 5 décembre 1914, Hans Hellmut Kirst. Avant de devenir un écrivain célèbre, il exerça les métiers les plus divers : il fut successivement paysan, soldat, cantonnier, jardinier, puis critique, puis dramaturge. Il se définit lui-même : « Individualiste par conviction, réaliste par expérience, socialiste sans romantisme ». Il vit en solitaire à la campagne en Haute-Bavière. En dehors de la trilogie de 08/15, dont les lecteurs de J'ai lu possèdent maintenant les trois volets, Kirst a écrit de nombreux romans satiriques qui ont presque tous pour sujet la vie militaire.
Journaliste allemand rattaché à l'ambassade de Troisième Reich à Tokyo, Sorge était en réalité un agent communiste et le chef du plus grand réseau d'espionnage soviétique en Extrême-Orient. Démasqué par la police japonaise, il fut pendu en 1944. Mais Sorge lui-même, quel homme était-il? C'est à cette question, posée aussi par le film d'Yves Ciampi, QUI ETES-VOUS MONSIEUR SORGE? - que H. H. Kirst s'efforce de répondre. Qui est Sorge? Le plus grand espion du siècle? Le dernier individualiste du «métier des seigneurs»? Un patriote allemand ou un communiste convaincu? Un Don Juan ou un tendre honteux de sa tendresse inavouée?
* * *
Autant le dire tout de suite ce livre a plus l'allure du roman que d'une thèse, ce qui veut dire qu'il n'y a aucune référence même pas simplement une liste de livres. Donc il est bien clair que pour les détails historiques il faut voir ailleurs. Pour autant, il ne faut pas dénigrer ce genre de récit qui nous plonge vraiment dans le contexte à la fois de l'ambiance entre Allemands et Japonais et de la personnalité plutôt hors du commun de Richard Sorge.
De parents Allemand et Russe il a fait la Première Guerre mondiale du côté allemand, blessé, dégoûté de la guerre, il souffrit énormément de la misère de l'après-guerre. Aimant l'Allemagne, le nazisme lui donna le coup de grâce: pas cette salissure par dessus ce qu'il avait déjà subi ! Alors il acquit une foi inébranlable dans ce qu'il pensait être la seule possibilité de s'y opposer: le communisme et surtout russe. Donc il semble bien, que tout grand espion qu'il fut, il n'ait jamais perçu ou voulu savoir ce qui se passait réellement en URSS, au niveau de la répression.
Un dialogue assez révélateur, authentique ?
Ozaki était son principal agent de renseignement japonnais.
- Et après ? Ce n'est pas pour que l'Allemagne remporte la victoire, mais seulement pour éviter un nouveau crime, du sang encore. Loin de moi le désir de vouloir assurer un avantage à l'Allemagne, monsieur Ozaki. Un monde nous sépare d'elle, sachez-le bien.
- Vous le dites avec trop de conviction, monsieur Sorge.
- Ma vie en dépend. Voyez-vous, monsieur Ozaki, j'ai vécu pour l'Allemagne, j'ai combattu et j'ai versé mon sang pour elle. Pour tout remerciement - elle nous devait bien cela pourtant - je n'ai reçu d'elle qu'un coup de pied. Tout au long des années de la république de Weimar, j'ai crevé la faim, ballotté d'un coin du pays à l'autre. J'ai appris à connaître un peuple très fier de ses énormes stupidités et prêt à les recommencer. Puis les nazis sont venus qui ont tué mes meilleurs amis et torturé les miens. Et voilà que, maintenant, ces mêmes nazis ont corrompu le dernier Allemand que j'ai connu et aimé - d'un soldat, ils ont fait une caricature d'ambassadeur. J'ai tout perdu : mon pays, ma patrie, ma famille, mes amis - et moi-même. Que me reste-t-il ?
- Dites-le moi, Herr Sorge,
- L'Union soviétique. La patrie des travailleurs. Ozaki baissa la tête.
- Et si vous vous trompiez ? murmura-t-il.
- C'est impossible, dit Sorge, précipitant les mots. C'est impossible !
Et, à voix très haute, comme pour se libérer : - C'est inimaginable !
Ozaki évita le regard incertain, presque suppliant de Sorge. Il se leva, parut soudain très pressé.
- Je dois partir, dit-il. Mon temps est mesuré.
Ce qui est vrai c'est que la nazisme a fait que tous ceux, et ils furent plus nombreux qu'on le prétend, qui ont trahi, c'est bien le cas de Sorge, ont bien fait la distinction entre la patrie allemande qu'ils aimaient tous, du nazisme. Ils ont trahi le nazisme.
Cela dit le principal renseignement de Sorge et pas des moindres, fut de renseigner Moscou sur l'attitude des Japonnais, ceci au moment de l'attaque allemande, ce qui permis de libérer des troupes de l'est pour le front. Il a aussi, mais là il était loin d'être le seul, averti Moscou de l'attaque allemande.
Les Soviétiques auraient pu facilement le sauver de la pendaison, Staline ne l'a pas fait.
Vous ne lirez certainement pas un document d'Histoire mais en tout cas vous ne vous ennuierez pas avec ce livre, garanti.
L'auteur a tout de même ajouté au début des chapitres, une ou deux pages en italique, révélant des faits ou des explications sur l'espionnage au cours de la SGm. Intéressant. |