Jusqu'en 1991, l'ordre d'arrêt est une bourde de Hitler, inspirée, en proportions variables selon les auteurs, par lui-même, Göring et Rundstedt et motivée par des craintes excessives ou des illusions quant au devenir de la bataille.
En 1991 apparaît une explication diplomatique très simple : Hitler recherche la paix immédiate et générale mais l'arrivée de Churchill au pouvoir complique les choses. Les conditions "généreuses" qu'il a mises discrètement en circulation, à valoir quand il aurait pris Calais (assiégé le 23 mai), il aurait pu les claironner sous Chamberlain, il ne le peut sous Churchill. Il tente un bref arrêt pour laisser un temps de réflexion à Londres (Paris étant d'ores et déjà à point). Il le fait discrètement pour laisser son armée mobilisée car si cela ne marche pas il va falloir attaquer de nouveau la France, pour la contraindre à un armistice qui laissera Londres à poil.
Cette explication est raillée et déformée ou, bien plus encore, ignorée, pendant vingt ans. Des explications militaires confuses et sans rigueur ni souci démonstratif continuent d'encombrer le marché.
Sa énième répétition, en 2012, déclenche enfin un débat.
Il entraîne, outre la répétition attendue des discours classiques et la démolition classique des modernes, deux effets curieux :
-l'esquisse d'un retournement complet, tenant le plus grand compte de certains travaux des années 90-2000 qui réhabilitent l'intelligence manoeuvrière de Hitler : l'arrêt n'est plus une bourde mais une option parmi d'autres dans une situation de toute façon compliquée;
-une tentative de mettre le vin nouveau dans les vieilles outres, de faire cohabiter l'explication confuse classique avec l'explication nouvelle : Hitler stoppe pour signer la paix mais il a aussi des raisons militaires de le faire.
Le plus étonnant est que le degré de violence atteint par les classiques contre les modernes ne baisse pas, dans ce dernier cas, d'un poil, dans le domaine suivant : ces modernes restent des ignorants crasses qui détestent qu'on parle de choses militaires, n'y connaissent rien, n'y comprennent rien et ne veulent pas se soigner. |