En septembre 2010, j'ai posé la question suivante à Alain Michel qui avait été plusieurs années responsable de la section française de Yad Vashem
Question EdC:
« Je me suis souvent posé une autre question, et par votre fréquentation de Yad Vashem, vous avez peut-être une réponse : Quels sont les "Justes" qui ont payé de leur vie l'aide apportée aux Juifs. J'ai l'impression qu'il y en a très peu: Les deux seuls cas qui me viennent à l'esprit sont ceux de Daniel Trocmé et d'un commissaire de police de Metz dont je ne me rappelle plus le nom.»
Réponse Alain Michel:
« sur les Justes, il n'y a que 2 ou 3 cas de Justes de France qui sont morts du fait de leur action de sauvetage (il y a le pere Jacques du film d'Au revoir les enfants, mais il a d'abord ete arrete pour ses activites dans la resistance). En fait, mais cela on ne peut le dire qu'a posteriori, il etait beaucoup moins dangereux de faire du sauvetage en France qu'en Pologne, par exemple. Mais ceci est lie a la maniere dont les Allemands considerent chacun des 2 peuples, cela s'integre dans la conception generale raciale de l'Europe, qui a eu des consequences sur le comportement des occupants suivant le pays considere »
En fait Daniel Trocmé que j'évoquais est en quelque sorte un déporté volontaire, si j'ai bien compris.
Le père Jaques, alias Lucien Bunel, celui d'Au revoir les enfants, a bien été arrêté à cause de son action de sauvetage des enfants juifs, mais, si l'on en croit Charles Molette, (Prêtres, Religieux et Religieuses dans la résistance au Nazisme, Fayard, 1995, p. 132-133), il aurait été déporté pour ses activités résistantes.
Quant à l'évêque de Clermont Mgr Piguet, l'excellent site cité par Francis rapporte que selon la version de Piguet lui-même en 1947, les charges portées à sa connaissances lors de son arrestation, étaient d'obscures affaires sans relation avec le sauvetage des juifs.
Comme le note très justement Alain Michel, ce n'est qu'a posteriori que l'on peut dire que les risques étaient quasiment nuls, et cela n'enlève donc rien à la vertu de ceux qui ont agi dans le sens de leur conscience.
En France, si l'on trouve des sanctions (mais bon, être limogé de l'Armée de Vichy, ce n'était pas une grande peine), on ne trouve que quelques cas, et peut-être même aucun , de déportés en camp ou de fusillé pour cause de sauvetage de juifs. Alain Michel note que la situation en Pologne était très différente. Personnellement, je connais mal le cas de la Pologne de ce point de vue là.
Emmanuel |