Bonsoir,

Signalons d'abord que le tome II de Cinquante idées reçues sur la Shoah a rejoint notre bibliothèque :

Plusieurs articles évoquent l'attitude ambigüe et controversée de l'Église catholique et plus particulièrement celle de Pie XII. Il est vrai qu'il est difficile de se forger une opinion tant les passions l'emportent sur la raison. Pour les uns, si Pie XII était intervenu plus souvent, des centaines de milliers de Juifs auraient été sauvés. Pour les autres, Pie XII a en sauvé autant en agissant dans l'ombre. Bref, la polémique et les dialogues de sourds ne sont pas près de s'éteindre.

Dans son article 64 - "La béatification de Pie XII, un scandale ? Marc-André Charguéraud fait la distinction entre les silences justifiés et les silences coupables du Vatican.
Ainsi Pie XII redoutait les conséquences d'une condamnation de la politique raciale nazie. Il en avait fait l'expérience avec l'encyclique Mit Brennender Sorge de 1937 qu'il avait préparée avec son prédécesseur Pie XI.
Marc-André Charguéraud s'en explique :

Dans "Mit Brennender Sorge", le pape condamne formellement les turpitudes du régime nazi et en particulier sa divinisation de la race. Hitler, furieux, proteste auprès du nonce du Vatican à Berlin contre ce "quasi-appel à la bataille contre le gouvernement du Reich". Cette encyclique est une déclaration morale de première importance au moment où les gouvernements occidentaux s'inclinent devant le Führer à Munich en 1938.
Conséquences de cette protestation publique de Pie XII, les persécutions redoublent : écoles religieuses fermées, interdiction d'enseignement des prêtres, fermeture de couvents, procès et internement de moines et enfin interdiction des mouvements de jeunesses catholiques et transfert de ses millions de membres dans les jeunesses hitlériennes pour y être endoctrinés. Le Pape sait que la mainmise par les nazis sur les générations futures conduit à échéance à la condamnation de l'Église catholique allemande. Il n'oublie pas cet enchaînement catastrophique, et il connaît donc parfaitement quelles peuvent être les conséquences d'un protestation publique pontificale.

Marc-André Charguéraud ajoute cependant :

Le "silence" peut-il ainsi être justifié ? Certainement pas. Plutôt que d'attaquer le régime nazi, Pie XII devait publiquement demander à ses fidèles de porter assistance, de "tendre la main" à tous ceux qui sont martyrisés. Il évitait ainsi une attaque frontale contre Hitler et lançait un appel utile.

Bien cordialement,
Francis.

PS : un nouvel article, paru au tome I, L’antijudaïsme coupable de Pie XI et de Pie XII. 1937-1965 - Ils ont courageusement dénoncé le racisme tout en prêchant constamment l’antijudaïsme vient d'être publié sur notre site