Quel quinquennat pour l'histoire ?
Lettre d'information du site de l'historien François Delpla
N° 86
Chers abonnés,
En ce début d'été et de législature, outre le prompt rétablissement des postes de professeurs supprimés et celui de l'histoire parmi les épreuves du baccalauréat scientifique, outre la disparition bienvenue de l'instrumentalisation sarkozyenne de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, notre communauté de passionnés est en droit d'attendre le plus grand sérieux des pouvoirs publics lorsque nous les saisissons. Aussi, sur l'affaire du dossier gravement inexact déposé à l'UNESCO en 2005 conjointement par Londres et Paris
, transformé-je dès aujourd'hui en lettre ouverte, faute du moindre accusé de réception, mon e-mail du 18 juin à François Hollande :
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La résurgence de la calomnie contre Lucie et Raymond Aubrac le jour de la mort du dernier nommé
, initiée sur des sites de grande audience (Marianne puis Causeur), ne continue son bonhomme de chemin que dans des lieux très marqués à droite, ce qui confirme la valeur de symptôme que je lui avais attribuée dans mon courrier précédent. C'est le signe d'une division malsaine de l'opinion, qui voit des gens ajouter foi à n'importe quelle rumeur pour peu qu'elle semble conforter leurs aversions. Cela n'a certes rien de nouveau, mais une certaine manière de « cliver » à toute force l'opinion a probablement accentué le phénomène, et les moyens actuels d'information donnent à cet égard des possibilités, et des responsabilités, dont les gens formés et informés doivent se saisir.
A ce propos, j'ai mis en ligne un résumé chronologique des calomnies :
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La rubrique « Débats » a accueilli une discussion sur le livre d'Alain Michel signalé dans la lettre précédente
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La rubrique « Lu » s'est enrichie d'un texte sur le HHhH de Laurent Binet
, d'une longue recension de la précieuse synthèse de Christian Baechler sur la politique nazie à l'est
et d'un compte rendu du livre de Thomas Weber
sur le comportement, entre 1914 et 1918, du caporal Hitler... un grade qui lui est d'ailleurs dénié d'une façon assez mesquine, mais certains passages du livre sont nettement meilleurs.
Ces deux derniers ouvrages regorgent de matériaux pour illustrer ma thèse sur la folie hitlérienne, brusquement déclenchée à la fin de la guerre, en insérant son projet racial et guerrier dans des traditions et dans une société qui lui ont certes fait bon accueil mais n'auraient pas trouvé cela toutes seules. Le livre de Weber, surtout, en montrant que le régiment de Hitler n'était guère gangrené d'antisémitisme et que lui-même avait des rapports normaux avec les combattants et les officiers juifs, confirme qu'il n'est devenu antisémite qu'après cette guerre, une vérité apparue en 1996 dans un livre de Brigitte Hamann et qui peine à s'imposer dans un maquis de résistances multiples.
Voilà qui nous amène à ce moment de rare bonheur intellectuel que fut ma soutenance d'habilitation à Brest lundi dernier. Le président du jury a promptement fait connaître aux internautes sa propre satisfaction, tant historienne qu'institutionnelle
. J'ai moi-même mis en ligne quelques photos et mon discours introductif, ainsi que des liens permettant de faire plus ample connaissance avec chaque membre du jury :
. Le mémoire d'auto-histoire "L'individu dans l'histoire du nazisme / Variations sur l'arbre et la forêt" fera à la rentrée l'objet d'une édition « papier » mais, dès la mi-juillet, fournira la matière d'un numéro hors-série du magazine en ligne Dernière guerre mondiale
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Il faut enfin signaler un remarquable article
de mon invité Marc-André Charguéraud, extrait de son livre récent Cinquante idées reçues sur la Shoah, tome 1er : "De Accueil à Joint" (Genève, Labor et Fides, 2012 ). Il examine les responsabilités des uns et des autres dans l'installation du nazisme à la date où cela a le plus de sens, c'est-à -dire au premier semestre de 1933.
Enrichissantes lectures estivales à tous !
Lettres de 2012 :