Tuck et le massacre des innocents : regards croisés - Laval - forum "Livres de guerre"
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Laval / Fred Kupferman

 

Tuck et le massacre des innocents : regards croisés de Francis Deleu le dimanche 27 mai 2012 à 12h19

Bonjour,

La tentative de sauvetage de 5.000 enfants juifs, en août 1942, a déjà été relatée à plusieurs reprises.
Rappelons que le 26 août 1942, Pierre Laval accorde une audience à Pinkney Tuck, le chargé d’affaires des Etats-Unis, venu lui transmettre les reproches de son gouvernement concernant cinquante visas d’entrée aux Etats-Unis.
Laval qui ne manque pas d’à-propos aurait répliqué ironiquement : « Pourquoi ne prenez-vous pas tous les enfants ? »
Il s’agit de 5.000 à 8.000 enfants dont les Allemands ne voulaient pas et dont les parents ont déjà été déportés vers les camps d’extermination. Tuck estime que « vu le caractère des déportations, un grand nombre peuvent déjà être considérés comme orphelins ».
Laval ne s’attendait pas que sa boutade serait prise au sérieux. Or Washington étudie la proposition. Le 28 septembre, Cordell Hull offre 1.000 visas d’entrée et la possibilité d’en obtenir 5.000 autres « sous réserve de l’approbation des autorités françaises »

Sur LdG, nous proposions déjà :

- un bref aperçu ici : Le massacre des innocents

- Une chronologie des démarches pour tenter de sauver ces enfants ici : Tracas administratifs ? Non ! Une politique d'obstruction délibérée !

- Le compte-rendu des faits tels qu'ils sont repris dans les archives américaines du département d'Etat et publié dans la biographie de Laval par Fred Kupferman :
***** Les Américains s’élevèrent avec vigueur contre les déportations. Au début du mois d’août, David Lowrie, porte-parole de plusieurs organismes de secours et le père Arnou, émissaire du cardinal Gerlier, rencontrèrent le maréchal Pétain. Le vieux chef d’Etat, donnant l’impression d’être à peine au courant des événements, indiqua qu’il ne pouvait rien y changer : « Vous connaissez notre situation. » Le même jour, Roswell McClelland et Lindsley Noble, de l’American Friends Service Committee, eurent une entrevue avec Laval. Celui-ci se lança dans une longue tirade contre les Juifs en général, en insistant sur les dommages que les réfugiés juifs avaient, selon lui, causés à la France. (...)

A la suite d’un échange de messages avec le Département d’Etat, Pinkney Tuck rencontra Laval et protesta avec la plus extrême énergie contre le traitement révoltant infligé aux Juifs. (...)

Deux semaines plus tard, le secrétaire d’Etat Cordell Hull prit le relais en prononçant devant Gaston Henry-Haye, ambassadeur de France à Washington, une condamnation sans ménagements des déportations qu’il qualifia de « révoltantes et diaboliques ». Durant leur séjour à Vichy, Lowrie et les deux membres de l’American Friends Service Committee firent appel au département d’Etat pour obtenir 1.000 visas d’immigration. Grâce au soutien actif d’Eleanor Roosevelt et du President’s Advisory Committee on Political Refugees, l’appel fut entendu. Le 18 septembre, par télégrammes, le département d’Etat demanda à ses consuls en France d’accorder les mille visas et de renoncer à presque toutes les formalités administratives. En raison du caractère de plus en plus tragique des rapports arrivant de France, les organismes de secours ne tardèrent pas à demander à Washington de porter le chiffre à cinq mille. Le département d’Etat accepta à la fin du mois de septembre.

Mais tandis que l’on rassemblait et préparait les enfants, on se livrait à Vichy à toutes sortes de tours de passe-passe. Le 30 septembre, Tuck sollicita le concours de Laval. Celui-ci qu’il était en principe d’accord avec l’exode des enfants, ajoutant, comme le rapporta Tuck, « qu’il ne serait que trop content de s’en débarrasser ». Mais lorsqu’il s’agit de régler les détails les subalternes de Laval, il s’avéra que la situation avait été retournée. Durant tout le mois d’octobre, Vichy repoussa le départ des enfants. Ses fonctionnaires parlaient avec hypocrisie du grand souci qu’avait leur gouvernement de ne pas séparer les familles.

La pression constante exercée par Tuck finit par arracher à Laval, à la fin du mois d’octobre, la promesse de cinq cents visas.
Le 8 novembre, les forces alliées débarquaient en Afrique du Nord et Vichy rompit ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. Un groupe d’une centaine d’enfants venait d’atteindre Marseille avec le précieux visas de sortie. Il manquait les visas américains. Le consulat était fermé. Le 11 décembre, les Allemands occupèrent la partie Sud de la France (…) *****
- La version de Nerin Gun, Les secrets des archives américaines PETAIN, LAVAL, DE GAULLE, Albin Michel 1979 :
***** Peu de temps après l'ignominie du Vel' d'Hiv', Tuck rend visite à Laval. Il est visiblement ému : « Je suis informé que des mesures inhumaines ont séparé les enfants juifs de leurs parents. On leur a même confisqué les papiers d'identité afin qu'ils ne puissent jamais plus retrouver leurs familles. »
« Oui, dit Laval, je viens de protester auprès du général Oberg. Mais, il n'y a pas eu de séparation de familles. Monsieur l'Américain, apportez-moi la preuve de ce que vous avancez ... Je n'ai aucune sympathie pour les Juifs, ils sont trop nombreux en France ! »
Tuck revient à la charge. Il met sous le nez de Laval un rapport du consul américain à Marseille, J.Webb Benton, et un autre, du préposé à la Y.M.C.A, Donald Lowrie, qui confirment les séparations.
Le 28 septembre, Tuck présente une proposition concrète :
« Le gouvernement des Etats-Unis est disposé à accorder des visas d’immigration à mille enfants immédiatement, et d’autres, cinq mille, dans un délai très court. »
Laval est d’accord. Mais un peu plus tard, il téléphone à Tuck : « Je regrette, contrordre, Krug von Nidda s’y oppose car il prétend que vous autres Américains allez vous servir de ces gosses pour faire de la propagande anti-allemande aux U.S.A. ! »
Tuck promet qu’il n’en sera rien. Les enfants pourront-ils bientôt partir ? « Oui », dit Laval.
Hélas, non. Car Vichy décide de rompre les relations diplomatiques avec Washington… *****
Il existe également le récit de José de Chambrun, gendre de Laval, qui - on s'en doute - apporte un éclairage différent, favorable à Laval. Au prochain numéro !

Bien cordialement,
Francis.

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