Suisse-Russie: retour des Bolcheviks - NICOLAS II - forum "Livres de guerre"
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NICOLAS II / Hélène Carrère d'Encausse

 

Suisse-Russie: retour des Bolcheviks de Christian Favre le samedi 21 avril 2012 à 07h22

Voici en quelques lignes le tout début de la coopération germano-soviétique qui s'est maintenue jusqu'à l'invasion allemande de 1941.

p.442
Au printemps 1917, en revanche, il (Lénine) va avoir besoin des Allemands tout autant qu'il leur est nécessaire. À Petrograd, en dépit des pressions du Soviet, la situation s'enlise, la Russie est loin de rechercher la paix: la déclaration de Milioukov en témoigne. Pour Berlin, le retour de Lénine en Russie pourrait accélérer la révolution et favoriser l'appel à la paix. Pour Lénine, il n'est plus supportable de vivre à l'écart des événements ; les réticences du groupe qui dirige le Parti à Petrograd à suivre ses propres directives le convainquent de l'urgence d'une reprise en main. Comment passer de Suisse en Russie ? se demande-t-il. Faut-il jouer la carte Lénine ? se demande-t-on à Berlin. Le comte von Romberg en est persuadé et en convainc le chancelier Bethmann¬Hollweg. Parvus plaide la même cause et, le 13 avril (20 mars du calendrier julien), le colonel Wachendorf, du ministère des Affaires étrangères, produit le télégramme suivant, adressé probablement à Romberg :
« Sa Majesté Impériale (Guillaume II) a décidé ce matin que les révolutionnaires russes seraient transportés à travers l'Allemagne et pourvus de matériel de propagande pour pouvoir travailler dans leur pays.
« Si l'entrée en Suède leur était refusée, le Haut Commandement est préparé à les faire passer par les lignes allemandes.
« Le Haut Commandement est prêt à acheminer vers la Russie autant de révolutionnaires qu'il en reste en Suisse. »
Au même moment, un télégramme de Romberg au Chancelier confirme qu'il a reçu les fonds destinés à ce projet.
Le 27 mars/9 avril, les bolcheviks quittent Zurich. La légende léninienne veut que Vladimir Ilitch aurait négocié de traverser l'Allemagne dans un wagon « plombé » afin de bien marquer son indépendance à l'égard de ce pays. On doit la vérité à la propre sœur de Lénine, Anna Oulianova-Elizarova, qui l'établit dans l'encyclopédie Granat, préparée pour le dixième anniversaire de la révolution d'Octobre. Elle écrit dans ce texte que l'on ne saurait contester: « Vladimir Ilitch décida de rentrer par l'Allemagne dans un wagon plombé. Cette histoire fut souvent utilisée comme prétexte par tous les ennemis de Vladimir Ilitch et des bolcheviks pour les accuser de trahison... L'accord consistait simplement en ce que les passagers traverseraient l'Allemagne en refusant catégoriquement d'y rencontrer ou d'y parler à qui que ce soit. C'est pourquoi l'expression wagon plombé avait été choisie. »
Lénine et ses trente et un compagnons de voyage - au nombre desquels sa femme Nadejda Kroupskaïa, Zinoviev avec sa famille, Radek, Inessa Armand (Française mariée à un industriel, bolchevik depuis 1909, elle fut l'amie et la confidente de Vladimir Ilitch) - traversent sans encombre l'Allemagne, puis la Suède, pour arriver à Petrograd le 3 avril (16 avril dans le calendrier grégorien). Milioukov, semble-t-il, a été secrètement informé de ce transfert par une ambassade amie mais tient le retour de Lénine pour une nouvelle de peu d'importance. Il considère que si les conditions en sont connues - c'est-à-dire la coopération allemande à ce retour -, Lénine sera discrédité.
L'arrivée de Lénine, favorisée par l'Allemagne, aboutissement des rêves et menées obscures de Parvus et de Romberg, va mettre à rude épreuve l'optimisme de Milioukov aussi bien que les visées allemandes. Le gouvernement de Berlin a-t-il eu raison d'y prêter la main et de jouer cette carte ? Car si Lénine ne peut être traité stricto sensu d'agent allemand, il est manifeste qu'il a été transporté en Russie pour jouer un jeu dont Berlin a le plus urgent besoin. Lui-même le sait, mais considère qu'en dernier ressort la révolution que l'aide allemande va lui permettre, espère-t-il, d'accélérer, emportera aussi l'Empire allemand.
Désormais, il est non moins clair que, dès 1917, le Parti bolchevique dispose pour sa propagande de fonds considérables dont atteste le développement tout à fait inattendu de sa presse après février. La correspondance de Lénine avec Hanetski, l'homme chargé de distribuer l'argent, très importante entre février et avril, témoigne aussi des liens existant entre les deux hommes et des sommes mises à la disposition de celui-là par celui-ci pour quitter la Suisse. On ne peut en conclusion qu'apprécier la prudence de Lénine, tout en constatant l'immense profit qu'il tira de l'aide allemande. Sans cette aide, les bolcheviks seraient-ils devenus soudain si forts dans leur pays ?

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