Et, après tout, d'autres personnalités "phares" (et aussi ambivalentes) de l'opposition conservatrice détenues dans les camps, telles que Halder ou Schacht, n'ont pas été exécutées, elles.
Le livre de Kerjean et le lien de Francis font resurgir ce questionnement de Nicolas Bernard, formulé en janvier 2011.
Ce dont il est ici question, c'est une autorité allemande capable d'offrir ses services aux Alliés occidentaux pour dominer leur zone d'occupation, en attendant (espère Hitler) de les aider à refouler les Russes de la leur.
Des conservateurs tôt marginalisés par le régime nazi ne font évidemment pas l'affaire, et de toute façon, s'il leur en chaut, les Américains sauront bien en trouver (ce sera le cas d'Adenauer) : pour les en empêcher, il faudrait une hécatombe, au demeurant contradictoire avec l'espoir de faire plus ou moins hiberner le nazisme dans une Allemagne conservatrice.
L'oiseau rare, c'est une personnalité longtemps influente dans l'appareil d'Etat, et dont on peut supposer qu'elle y dispose encore de leviers importants. C'est bien ce qu'offre Himmler (voir par exemple sa lettre à de Gaulle
). Et c'est dans ce domaine que Canaris pourrait être un rival sérieux tout en apparaissant, en raison de ses prétendues trahisons depuis 1938, comme un allié infiniment plus sûr : il importe d'ôter à Eisenhower toute tentation de recourir à ses services.