Quelques précisions.
Pour parfaire les évènements vécus par Albert Beugras bras-droit de Doriot dans la biographie de celui-ci par Jean-paul Brunet, il faut se rapporter au livre de Marie Chaix, fille de Beugras qui a écrit une chronique de la collaboration de son père en 1974.
Marie Chaix est née en 1942. elle était trop petite dans l’immédiate après-guerre et n’avait que de maigres souvenirs quand son père a été condamné à perpétuité le 16 janvier 1948 mais elle s’est servie des notes prises par son père dans sa prison et a assez bien reconstitué les évènements.
Avec quelques petits détails erronés sans importance, par exemple pendant la guerre les hommes ne fumaient pas des cigarettes Camel et des blondes en général. Il fallut attendre l’arrivée des libérateurs.
Le grand père, ( le père de Beugras) avait une propriété à Champagne sur Seine. Doriot s’était mis dans la tête de faire inviter dans cette propriété, le Colonel Reile chef de l’Abwehr en France et son adjoint, par l’entremise de Beugras. Il semblerait que le grand-père ait gardé une certaine rancœur de cette invitation forcée, lui qui était ancien combattant de 14/18. Lors du verdict du procès de son fils, il est resté de marbre. Le grand père et son épouse avait d’ailleurs été inquiétés à la Libération. C’est ce qui semble apparaître dans le livre de Marie Chaix (?)
J’ai commis une erreur dans la dernière phase de ma communication sur « le comité français de libération de Doriot » : Les enfants et l’épouse de Beugras ne se sont pas expatriés comme les collabos et miliciens, qui gagnèrent l’Allemagne en août 1944 mais ils sont restés en France chez la sœur de Mme Beugras à Surennes.
Seul le fils aîné de Beugras, Paul, est parti en Allemagne avec son père pour servir la « cause anti-bolchevique ». Son père lui avait confié une mission où il devait prendre le train en Allemagne. Il a été tué en chemin dans un des bombardements sans que son corps soit retrouvé.
Il faut faire le tri de ce que dit Beugras encore que certains faits semblent réels car ils ne sont pas à son avantage.
Effectivement il avait constitué sur ordre de Doriot un service de renseignement pro-allemand en France mais il se garde bien de dire que ce service avait reçu un début d’exécution comme les 4 parachutistes largués dans la forêt de Montargis par un avion allemand dans la nuit du 8/9 janvier 1945 ( voir « le comité de libération de Doriot »)
D’autre part ce n’est pas à la mort de Doriot le 22 février 1945 mais bien plus tard, en mai, quand il était en fuite vers le Tyrol, qu’il a fait vraiment du renseignement actif. Avec une dizaine de compagnons, il s’était procuré un poste radio avec lequel il était entré en communication avec le service de renseignement de la 3ème Armée U.S. pour lui faire connaître qu’une division S.S. voulait faire un réduit dans le Tyrol.
Chose curieuse : le colonel du service de renseignement U.S. lui a dit qu’il savait qui il était, lui Beugras et qu’il n’avait pas intérêt à rallier les troupes françaises qui croisaient dans le coin !
Beugras défend la thèse de l’assassinat de Doriot par Himmler.
Pourquoi ? Doriot venait de rencontrer Ribbentrop qui lui avait fournit un document de Hitler levant tous les interdits pour faire cet étrange « comité de libération » à la suite duquel Doriot devait rassembler toutes les forces vives françaises (s’il y en avaient encore), Déat et le Parti Social Français, Bucard et le Partie Franciste et les autres et pour prendre le pouvoir dans la France de l’exil et plus tard peut-être…
Or Himmler qui par les S.S. avait muselé la Werhmacht, n’était pas d’accord. Il brimait Doriot tant qu’il pouvait, par exemple en lui supprimant l’essence et sa voiture, en faisant d’autres vexations.
Doriot devait donc rencontrer Déat à Mengen. Un chauffeur, soldat de la Werhmacht, devait le conduire en voiture de l’ile de Meinau près du lac de Constance (où avait échoué tous les PPF), jusqu’à Mengen
Nous pouvons reconstituer le trajet de Doriot. Il passe près d’un aérodrome allemand. Beugras décrit cet aérodrome à quelques Km de Mengen au près duquel Doriot a été mitraillé par la chasse. Le chauffeur qui a survécu, disait qu’il s’agissait de deux avions allemands.
Des officiers dans 2 voitures se sont arrêtés sur la route près de l’attaque. La sacoche dans laquelle Doriot renfermait sa précieuse note de Hitler pour montrer à Déat, avait disparu.
Aucun avion allié n’était dans les parages.
Voici ce que dit Beugras. Ça se tient.
Au cours de son procès Beugras vilipendait l’avocat général dans ses notes: «
un long cri de haine soutenu par une gesticulation hystérique d’un sadique. Pendant plus de 2 h. ce fou se démena… le parti communiste, son parti, l’avait exigé ».
Que l’avocat général soit communiste, c’est faux, bien entendu.
Pourtant Beugras avait beaucoup de chances. Normalement il aurait dû être fusillé comme beaucoup de collabos fusillés pour moins que ça. C’était comme cela à l’époque.
Son anticommuniste était tel qu’il avait vendu son âme au diable pour essayer de briser le communisme lui-même.
Maintenant Anne Sylvestre dirait à son père s’il avait vécu: « Mais qu’est-ce qu’il t’a pris d’être aussi c.. ! »
Á sa libération en 1954, il jura de ne plus faire de politique. Ingénieur de haut-niveau, il retrouva du boulot en s’associant à un…allemand pour vendre des usines à…l’URSS…
Ceux qui s’intéressent aux filles de Beugras, Marie Chaix et Anne Sylvestre, peuvent consulter :