Bonjour,

Loin de moi l'idée que ces documents seraient sans intérêt et celui qui nous les communique indigne de notre gratitude, mais n'est-ce pas le type même du plaidoyer à prendre avec des pincettes ?

L'objectif est de proposer des documents et de laisser à chacun le soin d'en apprécier le contenu et éventuellement de se forger une opinion ... démarche plutôt malaisée pour ce qui me concerne.

Celui-ci en tout cas n'infirme nullement l'idée que le vol était concerté entre les deux hommes, de même que l'engagement de ne jamais l'avouer.

N'infirme ni ne confirme ! Les dénégations constantes de Hess m'intriguent car je n'en vois pas les raisons. Alors qu'il avait perdu tout espoir d'une libération, Hess, à chaque fois qu'il est question de l'escapade écossaise, s'obstine à nier farouchement d'en avoir informé Hitler.
Trois exemples parmi d'autres :

1) Peu après Noël 1967, Hess est hospitalisé et a consenti pour la première fois à recevoir la visite de sa femme et de son fils. Il en est tout ragaillardi et a perdu de son arrogance. Eugène Bird, directeur américain de Spandau, en profite pour reposer pour la Xème fois la même question :

- Bird : Si on vous libérait, Hess, écririez-vous vos Mémoires ? Considérez-vous qu'il est de votre devoir, devant l'histoire, de les écrire ?
- Hess : Oui, je le crois. N'ai-je pas été le seul à tenter de faire régner la liberté dans le monde ?
- Bird : Hitler savait-il que vous alliez vous envoler pour l'Angleterre ?
- Hess : Non, il l'ignorait fit Hess en secouant énergiquement la tête.
- Bird : Et cependant vous êtes parti, sachant que vous pouviez échouer. Et qu'en cas d'échec vous risquiez d'être fusillé à votre retour.
- Hess : Oui, avoua-t-il avec un petit sourire confus. Et d'être traité de "fou" !

2) 10 mai 1970. Entre Hess et Bird - nous l'avons déjà mentionné - s'étaient établis des liens de connivence. Les deux hommes passaient de nombreuses heures ensemble à converser, commenter des articles de journaux, etc.... Ce 10 mai 1970, c'est-à-dire exactement 29 ans après que Hess s'était envolé pour l'Angleterre, Eugene Bird remet à son prisonnier un livre anglais récemment publié: "Hess, The Man and his Mission" par J.Bernard Hutton. Hess le feuillette fébrilement et s'arrête à la page 21 où il est écrit : "L'envol, désormais historique, de Hess pour l'Angleterre fut effectué en plein accord avec Hitler, et avec sa totale approbation". Hess clame aussitôt "Mais non ! Comme je vous l'ai déjà dit, le Führer ignorait tout de mes projets."
Dans la phrase suivante on pouvait lire : "Cette mission donna lieu à d'interminables discussions avant qu'Hitler ne donne son accord". Hess s'exclame à nouveau : "Mais il n'y a pas un mot de vrai. Le Führer ignorait tout de mes plans."

3) août 1970. Hess est interrogé une nouvelle fois sur sa mission en Angleterre:
(...) Mais encore une fois, je vous affirme qu'il [Hitler] ignorait tout de ma décision de m'envoler pour l'Angleterre dans le but de réaliser son vœu [ndlr : mettre fin au combat]. J'ai pris seul la responsabilité de mon acte". Hess ajoute en pesant soigneusement : "Cette responsabilité, je la revendique entièrement. Je suis parti de mon propre chef, et non, comme certains l'ont insinué, pour en retirer une avantage personnel. N'oubliez pas qu'en agissant comme je l'ai fait, je risquais la mort."

Bien cordialement,
Francis.