Bonsoir,
César de Sousa Mendes était bien le frère jumeau de Aristides. César était ambassadeur du Portugal en Suède lorsqu'en 1932 il fut rappelé par Salazar comme ministre des Affaires étrangères. Pas pour longtemps ! Un an plus tard, César fut congédié car son franc-parler ne plaisait pas au dictateur portugais.
Dans une lettre que César adresse peu après à son frère Aristides :
Maudit soit-il [Salazar] et que son nom soit prononcé avec mépris si un jour il devient la cause de notre disgrâce collective.
César ne croyait pas si bien dire !
Pour la petite histoire qui a souvent ma prédilection lorsque l'ensemble des petites histoires frappent à la porte de l'Histoire pour mieux l'éclairer :
- En 1929, Aristides Sousa Mendes, consul du Portugal à Anvers, résidait à Bruxelles. Père de 14 enfants, il se fit construire un minibus pour transporter toute sa famille.
- La carrière diplomatique d'Aristides fut émaillée de 3 procès disciplinaires et de 8 rappels à l'ordre.
- Aristides était un fervent chrétien. Selon son fils Sébastien, il aurait déclaré "
Je désire être du côté de Dieu contre l'homme, plutôt que de servir l'homme contre Dieu".
- Cet homme admirable comme l'écrit très justement David fut cassé par Salazar: interdit d'exercer son activité d'avocat et même ... interdit de conduire sa voiture. Sa famille sombrera dans la misère. Pour la nourrir, Aristides sera bientôt dans l'obligation de les emmener à la cantine communautaire juive de Lisbonne. A l'un des bénévoles de la cantine qui a reconnu l'ancien consul, ce dernier répond : "
Mais nous aussi, vous savez, nous sommes des réfugiés".
Ces anecdotes sont tirées du livre de Gérard Boulanger "
A mort la Gueuse" avec en sous-titre "
Comment Pétain liquida la République à Bordeaux : 15, 16 et 17 juin 1940". Comme pour égailler l'atmosphère de ces trois journées - les "trois piteuses" - un chapitre entier est consacré à Aristides de Sousa Mendes. Laissons donc le dernier mot à G. Boulanger qui note avec une certaine emphase :
A Bordeaux, ce 17 juin, au moment même où Pétain mettait en pièces la République française, Aristides de Sousa Mendes mettait à l'ordre du jour les exigences éthiques de la République universelle. Et, tandis que l'hypocrite maréchal feignait de "faire don de sa personne à la France", l'héroïque consul avait vraiment fait don de sa personne à l'humanité.
Bien cordialement,
Francis.