Les auteurs montrent qu’aucun grand chef de la SGM n’a échappé à des critiques quelle que fut sa popularité. Il en est de même pour Guisan. Le principal reproche est celui de son désir de discussions avec l’Allemagne, donc avec les nazis. On a trouvé des excuses à Staline d’avoir signé le pacte germano-soviétique, l’une étant de gagner du temps. Par contre il n’est venu à l’idée de personne que ce pacte faisait de Staline un adepte du nazisme.
Un autre reproche fait à Guisan est d’avoir rompu la neutralité par un accord secret avec la France en cas d’attaque de la ligne Maginot par le sud. Ce reproche est donc en contradiction avec le premier, mettant clairement Guisan du côté des Franco-britanniques, ce qu’il était.
Mais il y a un lien net entre les deux. Non seulement, pas plus que Guisan, personne n’imaginait la déroute française. Déroute qui a fait que des archives devant rester secrètes, se sont trouvées dans des wagons à la gare de la Charité sur Loire et que les Allemands ont découvertes. Je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’explications à donner pour démontrer que ce fait était très grave et a pesé sur la conscience de Guisan. On sait que cela a d’ailleurs failli coûter cher au délégué du CICR, le Dr. Junod.
C’était donc, répétons-le, très grave. L’idée donc d’essayer de sonder les Allemands/nazis est une explication, mais on peut accepter ce reproche. Mais, parce qu'il y a un mais. Si effectivement les Allemands avaient échoué en Belgique et qu'ils auraient alors attaqué du côté de Bâle et qu'aucun accord n'aurait été établi avec les Français, il y a peu de doute que l'on aurait accusé les autorités suisses d'imprévoyance.
Guisan ayant continuellement affirmé une volonté de résistance, tous les autres reproches paraissent mesquins, c’est le moins qu’on puisse dire.