Le véritable traître [...], c'est celui qui vend sa foi, qui vend son âme. Charles Péguy
René Hardy, traître ?
D’une part, Klaus Barbie (à la source des rapports Kaltenbrunner et Flora *) a extrêmement fabulé et varié dans ses comptes rendus de l’affaire de Caluire (par ex., René Hardy caché dans un placard – inexistant, en fait - pour dénoncer Jean Moulin ! etc.), mais il a (presque) toujours accusé René Hardy d’avoir trahi ; d’autre part, Edmée Delétraz a prévenu la Résistance à temps : à supposer même qu’elle eût voulu ainsi garantir sa sécurité ultérieure ou torpiller l’intervention de la Sipo-SD au profit de l’Abwehr (selon l’hypothèse de Jacques Baynac dans Présumé Jean Moulin, page 846), pourquoi ne se serait-elle pas contentée de déclarer que Barbie avait ordonné de filer Hardy pour connaître le lieu de la réunion sans désigner celui-ci comme traître s’il ne l’était pas ?
Bien sûr, beaucoup de résistants se sont montrés très imprudents (cf. Pierre Bénouville et Henri Aubry entre autres), certains étaient repérés, voire parfois suivis (Barbie au pont Morand !), mais il n’en demeure pas moins que René Hardy porte sans doute une lourde responsabilité dans l’arrestation de Jean Moulin.
* Peut-être avec le « commissaire » (SS-Obersturmführer) Werth, chef du Sonderkommando envoyé par le RSHA pour aider Barbie, chef de la section IV du KDS de Lyon, le rapport Kaltenbrunner précisant : Grâce à une mise en scène à laquelle Hardy s'est prêté, le commando d'intervention de la Sipo-SD de Lyon, en collaboration avec le détachement spécial du RSHA pour la lutte contre l'Armée secrète, a réussi à surprendre à Lyon une réunion des dirigeants des M.U.R. et à arrêter [...] (Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, tome 3, page 471). |