Chère Madame,

C'est avec un réel plaisir et autant d'émotion que j'ai relu "Une Française libre". Et c'est bien à tort que j'ai supposé que vous étiez l'auteure du sobriquet affectueux de grand échalas pour désigner le général de Gaulle. Veuillez accepter mes excuses.
En réalité, le "coupable" n'est autre que J.P.S. qui signe l'avant-propos de votre livre dans un édition publiée par "France Loisirs".

L'extrait en question :

Autour d'elle, tous les jours, la mort frappe (une mort qu'il lui arrive d'appeler sur elle, pour conjurer les faux-semblants de la vie : le restaurant où elle dînait hier est soufflé par une bombe, les vitres du bar où un garçon lui faisait la cour volent en éclats, des noms amis apparaissent sur l'interminable liste des tués au combat. De l'autre côté de la porte des grandes décisions se prennent, un jeu serré se joue, avec ses bons et mauvais coups. Elle ne comprend pas tout - même si elle devine beaucoup -, écarquille les yeux, s'étonne : le général de Gaulle est ce grand échalas qui vous impressionne quand on lui apporte un dossier dans son bureau; Maurice Schumann ce monsieur fascinant qui vous raccompagne après le travail et dont on est un peu amoureuse (lui aussi est juif et converti) ... La guerre enfin est cette réalité omniprésente, proche et lointaine, évidente et incompréhensible; surtout quand le garçon a qui l'on a décidé de se donner, de tout donner, n'envoie plus de ses nouvelles, là-bas sur le front d'Alsace ... et que l'on comprend que le pire est peut-être à venir.

Bien cordialement,
Francis.