Franco n'est, en 1940 (et après), qu'un pion sur l'échiquier de Hitler - La guerre d'Espagne - forum "Livres de guerre"
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Edition du 23 février 2010 à 10h09

La guerre d'Espagne / François Fontaine

En réponse à -5 -4 -3 -2
-1Et plus... de MOSCA

Franco n'est, en 1940 (et après), qu'un pion sur l'échiquier de Hitler de Nicolas Bernard le mardi 23 février 2010 à 10h00

D'accord avec vous, sauf (enfin presque) sur un point :

> Franco était parfaitement prêt à suivre l'allemagne. Les
> conditions de son engagement au cotés de ses alliés
> discutés aux entretiens de Hendaye avaient paru tellement
> excessifs à Hitler que ce dernier préféra se passer de
> lui.

Franco était effectivement prêt à suivre l'Allemagne, mais Hitler n'a pas donné suite à cet enthousiasme, non parce qu'il jugeait les exigences de Franco excessives, mais parce qu'il n'a jamais cherché à faire entrer l'Espagne dans la guerre.

Le dictateur nazi songeait en réalité, par sa "tournée méditerranéenne" (il rencontrera Franco, Pétain et Mussolini en un mois, cet automne 1940), à impressionner les Britanniques et les Américains, et à duper les Soviétiques (en faisant croire à ces derniers qu'ils n'ont rien à craindre, que l'Axe se consacre exclusivement à la guerre contre l'Angleterre). Pour rappel, le 27 septembre a été signé le Pacte Tripartite avec le Japon. La France a été écrasée, l'Angleterre résiste difficilement, l'Allemagne avance ses pions dans les Balkans. Ajoutons dans ce plan hitlérien la conférence de Berlin tenue les 12-13 novembre 1940 avec Molotov, et qui avait initialement été prévue avant le jour du scrutin des élections présidentielles américaines : elle devait, au mieux, laisser entendre la naissance d'un partenariat germano-soviétique contre la Grande-Bretagne, et au pire, contribuer à brouiller davantage Moscou et le monde occidental.

C'est bel et bien un énorme appareil militaire pro-allemand qui semble donc se mettre en place contre l'Angleterre. Manière de dire aux Anglais qu'il est temps de négocier. Manière d'indiquer aux Soviétiques que Berlin ne cherche pas à s'étendre à l'Est. Manière d'indiquer aux Américains que s'ils cherchent noise au Reich, ils se heurteront à un vaste bloc eurasiatique, de Bergen et Brest à Vladivostok et Tokyo, de Mourmansk à l'Afrique du Nord. Mais Hitler ne veut pas aller plus loin que ce jeu d'illusions.

En d'autres termes, Hitler montre les dents mais ne souhaite guère ouvrir de nouveaux fronts en Méditerranée, afin de se dispenser de venir en aide à des alliés qui pourraient être encombrants - alors qu'il prépare l'invasion de l'Union soviétique, un rêve vieux de vingt ans. Autrement dit, à supposer même que les demandes de Franco aient été moins importantes, plus faciles à mettre en oeuvre, Hitler n'aurait en toute hypothèse jamais été plus loin que de simples poignées de mains.

Pour résumer, il s'agissait essentiellement de faire croire à l'émergence d'une vaste coalition, mais pas de la créer : une menace apparente, dans le contexte du second semestre 1940, peut se révéler davantage payante qu'une menace réelle. Toute psychologique, la stratégie hitlérienne, un bluff à l'échelle planétaire, devait finalement échouer avec la réélection de Roosevelt et le durcissement de la résistance anglaise. Mais elle contribuera à étayer les intoxications destinées à Staline sur la réalité des projets nazis, outre de consolider la neutralisation de la Méditerranée occidentale (zone espagnole et française) - une neutralisation favorable à l'Allemagne sur tous les plans.

Outre que l'A.F.N. française n'a pas servi de tremplin à une dissidence, et qu'elle a même pu soutenir à l'occasion la logistique de Rommel, l'Espagne a en effet été un partenaire économique du Reich en guerre, lui fournissant ses matières premières, et une division (Azul) sur le front de l'Est. Certes, Franco, devenu prudent avec les déconvenues allemandes en U.R.S.S. et l'entrée de l'Amérique dans la guerre, n'en fera pas plus. Or Hitler ne lui en demandait pas plus.

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