Il existe une forme de paranoïa qui touche spécialement certains journalistes et chercheurs qui travaillent sur le côté officieux, occulte, bref secret de certains dossiers qui ont (eu) une importance réelle dans la constitution de la mémoire d'un peuple. De Dreyfus à l'enlèvement de Ben Barka (c'est dans le champ de notre forum), il est vrai que l'on pourrait raconter l'histoire secrète du siècle par ses dossiers délicats... Quelques allumés ont plongé : appât du gain (perspective de grosses ventes en librairie), parfum de scandale et polémiques médiatiques ont poussé des auteurs, déjà conditionnés par des tendances complotistes latentes, à glisser dans les théories farfelues de la grande conjuration mondiale par des décideurs de l'ombre et des groupes de pression très puissant. (ça vous a des réminiscences du "protocoles des sages de Sion" ça, non ?)
Où ça peut devenir gênant, puis franchement dangereux, c'est quand ces défenseurs de thèses "conspirationnistes", poussés par par un besoin de soutien, deviennent les alliés des éléments de l'ultra gauche (Faurisson) et de la droite extrême (cercle Bardèche) qui se sont rencontrés sur le terrain du négationnisme. Là, on n'a plus du tout envie de sourire...
D'ailleurs, le folklore des sectes de la fin du XIXe (Thulé et Cie), de l'irrationnel, du spiritisme et des civilisations englouties (plouf !) fut et reste un terrain favorable à des discours qui ne sont pas toujours que l'expression de "doux-dingues" inoffensifs... Si Pauwels et Bergier n'étaient pas des agitateurs nazillons, leur fascination pour certains rituels SS, par exemple, m'avait laissé une impression un peu dérangeante.
Les services secrets sont un outil parmi les autres moyens d'action des Etats et il ne faut pas surestimer leur efficacité. De même, si à certaines périodes de l'histoire récente, des groupes d'intérêt ont pu éveiller un dirigeant à leurs préoccupations du moment, il n'y a pas de club secret d'hommes en noir pour tirer les ficelles du monde contemporain.
Amicalement,
René Claude |