L'attitude qui consiste chez certains journalistes (Wolton et Cie) à voir des complots et des machinations derrière chaque affaire un peu complexe a souvent fait déraper l'étude historique. A lire certains enquêteurs, Le Parti communiste français et les services secrets gaullistes puis mitterrandiens seraient responsables de tous les dossiers non élucidés des IVe et V républiques ! De Ben Barka à Charles Hernu, on voudrait nous faire croire que TOUT peut être ramené à de sombres combinaisons fomentées dans des officines louches travaillant dans l'illégalité pour le bénéfice du prince... Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve cette position très adolescente. En plus, les "enquêtes" de ces "complotistes" ont une méchante tendance à embrouiller des événements déjà difficiles à exposer clairement; je crois que c'est avant tout la perspective de gros tirage qui pousse certains éditeurs peu scrupuleux à driller leurs auteurs dans cette direction.

Dans les années 60, Robert Laffont vendait très bien une collection à couverture noire aux titres accrocheurs qui prétendaient nous expliquer les mythes nazis, la secte de Thulé ou les mystères des Templiers, le tout agrémenté de larges rasades d'irrationnel...! Je pense que ces ouvrages du "grand complot" permanent et des "forces occultes" n'étaient pas aussi anodins qu'on a pu le prétendre : certains des auteurs qui pondaient sous pseudos lorgnaient avec une fascination affirmée vers l'imagerie et les rituels SS, par exemple. (Ah, j'oubliais le "Matin des magiciens" de Pauwels et Berg(i)er (?) qui fut un "smash hit" de l'édition à la même époque.)

Pensez-vous que cette manière d'aborder l'histoire de la SGM, par exemple, puisse faire glisser des lecteurs vers une admiration du nazisme (et de son esthétisme morbide) et les influencer au point de les pousser à adopter certaines thèses révionnistes ?

Amicalement,

René Claude

PS : Le livre de Jean-François Deniau n'entre absolument pas dans cette catégorie de recherches occultes, bien au contraire: je voulais le préciser afin d'éviter tout malentendu.