Fort bien, et je comprends que l'exécution d'une ordonnance allemande par la police belge n'emporte pas la participation de cette police à l'ordonnance en question, même si ce distinguo peut paraitre spécieux. Sans doute les policiers belges ont-ils arrêté et déporté proportionnellement davantage de Juifs que les policiers français ne l'ont fait, mais, au moins, peuvent-ils dire qu'ils ne pouvaient faire autrement que d'obéir et réclamer le bénéfice des dispositions de l'article 122-2 du Code Pénal, (si tant est qu'il en existe un chez eux), et même la Légion d'Honneur (belge) comme leurs collègues de la Préfecture de Police de Paris, pourquoi pas ?
En outre, le Comité des Secrétaires généraux n'étant pas un gouvernement à proprement parler, l'honneur de la Belgique serait sauf, tandis que celui de Vichy, impliqué en tant que tel dans l'opprobre du génocide, serait compromis. Est-ce bien cela que vous voulez dire ?
Or, remarquons que la situation de la Belgique différait de celle de la France.
Pas de zone libre où siège un gouvernement ayant à défendre ses droits sur la zone occupée en Belgique. Pas d'Empire, ni de flotte à défendre contre les convoitises des occupants. Pas de maquis communistes obéissant à un Staline recommandant de tuer des officiers allemands au risque de représailles disproportionnées. Pas de représentations diplomatiques étrangères à Bruxelles comme à Vichy, etc.
Et, de toute façon, le général de Gaulle n'avait-il pas trouvé magiquement la parade dans son Manifeste de Brazzaville du 27 octobre 1940 ?
Le gouvernement de Vichy n'était pas le gouvernement légal de la France à raison de son caractère captif. Tout ce qu'il fera sera considéré comme nul et non avenu, dit-il.
C'est ce qu'a rappelé Pierre Juillet à J. Chirac quand ce dernier a fait le mea culpa de la France sur la rafle du Vel d'hiv. |