Bonsoir,
Il me semble que c’est le ministre de l’Intérieur Pucheu à la demande des Allemands qui a dit que puisqu’il fallait fusiller des Français, autant que ce soit des communistes. Après avoir retourné sa veste et gagner Alger en 1943, c’est une des raisons pour lesquelles il a été fusillé. Est-ce que je ne commets pas d’erreur ? (Serge Desbois)
Cette accusation fut au centre du procès de Pucheu à Alger mais ne fut pas retenue par le tribunal faute de preuves et de pièces à conviction. Pucheu nia farouchement le fait d'avoir lui-même dressé la liste des otages à fusiller.
Extrait d'un échange entre Fernand Grenier, député communiste, cité comme témoin à charge et maître Buttin, l'un des défenseurs de Pucheu :
- Me Buttin : Je demande au témoin : "avez-vous une preuve personnelle pour lancer cette accusation ?"
- F. Grenier : "Nous en sommes convaincus."
- Me Buttin : "Je ne doute pas de votre conviction. Mais avez-vous une preuve ?"
- F. Grenier : "Il n'y a évidemment pas de procès-verbal. Mais nous le pensons."
- Me Buttin : "Nous sommes fixés."
Après la Libération, le dépouillement des archives allemandes livreront un document accablant pour Pucheu : une lettre du sous-préfet de Chateaubriant adressée au général von Stülpnagel. Cette lettre est reproduite dans le livre de Fred Kupferman,
Le procès de Vichy: Pucheu, Pétain, Laval; lettre reproduite également dans l'ouvrage de Robert Aron,
Histoire de l'épuration.
Le Sous-Préfet de Chateaubriant
à Monsieur le Kreiskommandant de le Kreiscommandantur à Châteaubriant,
Comme suite à notre entretien de ce jour, j'ai l'honneur de vous confirmer que M. le Ministre de l'Intérieur a pris contact aujourd'hui avec le Général von Stülpnagel, afin de lui désigner les internés communistes les plus dangereux parmi ceux qui ont actuellement concentrés à Chateaubriant.
Vous voudrez bien trouver ci-dessous le liste des 60 individus fournis ce jour.
Le Sous-Préfet.
En post-scriptum. - Après examen plus approfondi de nos listes d'internés, l'état ci-joint sera révisé et une nouvelle liste définitive vous sera adressée
Robert Aron, pourtant partisan de la thèse du bouclier et très critique à l'égard du déroulement du procès [*], suggère cependant que cette pièce accablante n'aurait pas changé le verdict - la peine de mort - si le procès s'était déroulé après la Libération.
Bien cordialement,
Francis.
[*] Aron indique que cette pièce accablante montre que les magistrats ont eu à juger sans avoir tous les éléments pour le faire, et que ces éléments de décision, ils n'auraient pu les avoir qu'après le retour en France.