Monsieur Boisbouvier, vos lecteurs ne sont pas des cons, ils peuvent remonter en ligne droite dans cette discussion ...

Je réponds à Sarah :

1/Vichy, certes, n'a pas su tout, tout de suite, mais il n'a pas cherché à savoir.

Réponse : D'abord c'est faux. Vichy a demandé, en particulier à Oberg, ce qu'on faisait des Juifs déportés. La réponse fut toujours la même : création d'une colonie agricole juive en Pologne. En somme, "jardinage".
Ensuite, Vichy, contrairement aux Alliés (Churchill, De Gaulle, Roosevelt, Staline...), qui, eux non plus, n'ont pas cherché à savoir, n'avait pas d'agence de presse à sa disposition comme Havas ou Reuter. Quant aux instances juives dirigeantes elles-mêmes, elles ont freiné la diffusion de l'information au lieu de la promouvoir. Stephen Wise, Président du Congrès juif mondial à NY, averti de Genève par Gérard Riegner craignit de donner prise à l'accusation paranoiaque de Hitler d'une guerre faite au profit des Juifs et donc provoquée par eux.
Cette accusation de ne pas avoir cherché à savoir est particulièrement perfide et injuste. Comment Vichy dans son isolement et son impuissance pourrait-il être tenu pour plus responsable de cette ignorance et de cette discrétion alors que les Alliés qui avaient tous les moyens de savoir et qui ne risquait rien à diffuser cette information, bien au contraire, si l'on tient compte de l'effet démoralisateur sur la Wehrmacht que n'aurait pas manqué d'avoir la dénonciation du génocide.
Seulement, voilà : le mot "génocide", lui-même, n'existait pas encore, ce qui nous plonge dans des abîmes de perplexité. On ne conçoit pas bien une chose entièrement nouvelle et il faut du temps pour s'y adapter. Voyez, là-dessus, le témoignage de Raymond Aron, si clair, et si juste.

Oui !
D'autres témoignages ont déjà été produits ici, ou ne l'ont pas été, comme celui de Victor Martin qui est entré et est ressorti d'Auschwitz, a parlé et n'a pas été cru.
Mais comment expliquer que le mot extermination n'ait pas fait l'objet d'une seule déclaration officielle d'un grand leader, ou que le mot génocide n'ait pas été inventé avant 1944 ?
Je me répète, mais il le faut. On ne croit pas à une information aussi homéopathiquement diffusée, lorsqu'elle concerne un fait totalement nouveau comme la destruction industrielle de tout un peuple par une nation réputée appartenir à la civilisation.

Vous me donnez raison : un entrefilet dans un canard de seconde catégorie au lieu d'une manchette de six colonnes dans un grand quotidien comme le "Times" ou le "Washington Post".

Je n'ai jamais dit que Vichy ait ignoré jusqu'à la fin le sort tragique des Juifs puisque j'ai cité le témoignage de Maurice Martin du Gard qui montre le contraire.
Je ne vais pas le répéter : ce serait du psitacisme.
J'ai dit, qu'à l'été 42, la lettre ou le mot de Helbronner sur ses vacances, comme l'objurgation de Tuck, comme la démarche des assistantes sociales de Bordeaux, montrent à l'envi qu'on a cru pendant un temps à la fable des colonies agricoles en Pologne.
Or, c'est en 42 qu'eurent lieu les rafles reprochées à Vichy.

Pittsburgh Post-Gazette - Jun 30, 1942

( Slaughterhouse = abattoir )