"Or, les massacres n'étaient pas une nouveauté absolue et... des "Oradour" leur faisaient concurrence un peu partout."
...ai-je dit précédemment.
J'y reviens car c'est là le plus important puisque ça va permettre de comprendre beaucoup de choses.
Je crois pouvoir affirmer, bien que je n'eusse pas neuf ans au moment de la Libération, qu'on parlait beaucoup d'Oradour et très peu - ou pas du tout- de l'extermination des Juifs ni de leurs arrestations. Il advint ceci de hautement significatif qu'un "petit" massacre de 657 personnes, en France, tint plus de place dans la presse- et donc dans l'opinion- qu'un énorme massacre de 6 000 000 dans toute l'Europe occupée.
Comment expliquer une telle disparité ?
Je ne vois qu'une seule explication. En matière d'information, le choc des photos est plus important que le choix des mots. "Psychologie des foules" de Gustave Le Bon avait décelé ce phénomène avec une intensité et une précision prémonitoires, dès la fin du XIX° siècle.
Oui ! prémonitoires, car le XX° siècle fut largement le siècle béni des démagogues à qui les médias modernes offraient des moyens démultipliés d'hypnotiser les foules et, donc, les peuples. Voyez Lénine, Mussolini, Staline et Hitler. Avec quelle facilité ils réussirent à s'emparer et surtout à se maintenir au pouvoir et à embobiner les peuples !
Voyez, pareillement, les réputations de Pétain et de Laval. Avec quelle facilité une propagande bien orchestrée parvient à fausser les jugements de la majorité. |