Bonsoir,
A la veille du 11 novembre 1968, le général de Gaulle fit déposer une gerbe de fleurs sur les tombes de quatre personnalités de la Grande Guerre qui ne reposaient aux Invalides à Paris : Joffre, Gallieni, Clémenceau et Pétain.
Le colonel Remy, en apprenant la nouvelle, fit aussitôt porter une lettre à l'Elysée :
Mon Général,
La radio m'apprend que vous avez fait déposé une gerbe sur la tombe du maréchal Pétain, marquant ainsi votre volonté d'unir le mort de l'île d'Yeu à l'hommage que vous allez rendre demain aux vainqueurs de la Grande Guerre. Permettez-moi de vous dire merci, du fond du coeur.
La réponse du général de Gaulle:
Paris, le 20 novembre 1968
Mon cher Rémy,
J'au bien reçu votre lettre, dont je vous remercie.
Je n'ai jamais contesté les mérités exemplaires du Maréchal Pétain jusqu'en 1940. Il est bien évident qu'à partir de cette date la question s'est présentée de manière toute différente.
Rémy ne s'avouant pas battu, adresse au général de Gaulle une nouvelle lettre datée du 19 décembre:
Mon Général,
En vous adressant les voeux que ma femme et moi vous prions de bien vouloir partager avec Madame de Gaulle, j'ai l'honneur de vous remettre sous ce pli le texte d'un article qui paraîtra dans quelques jours sous ma signature.
Cet article porte comme titre :
Un voeu pour la nouvelle année : le maréchal Pétain à Verdun. Il s'agit d'un éloge dithyrambique de Pétain et du souhait de la translation de la fripouille de Pétain à Verdun. La dernière phrase en parlant de De Gaulle:
J'espère de toutes mes forces qu'à la couronne qu'il a fait déposer à l'île d'Yeu fera suite la translation à Verdun, sur son ordre, de la glorieuse dépouille que tant des anciens soldats du Maréchal attendent là-bas, depuis si longtemps.
La réponse du général de Gaulle :
Paris, le 30 décembre 1968
Mon cher Rémy,
Merci de vos vœux.
Quant à votre article vous savez, sans aucun doute, qu'il me prête des idées et des sentiments tout à fait contraires aux miens.
C'est de cette époque que date la rupture entre les deux hommes.
Bien cordialement,
Francis.