Je crois être parvenu à dégager de sa gangue épaisse et dense l'argumentation de Nicolas Bernard.
Vichy a réussi à obtenir des Allemands qu'ils acceptent de distinguer les Juifs français et les Juifs apatrides et de ne déporter que ces derniers -au moins dans un premier temps.
A ma question pourquoi Vichy a-t-il posé cette demande puisque, d'après lui, son antisémitisme ne le cédait en rien à celui des Allemands et qu'il aurait dû tout au contraire pousser à la roue et dire : "Vous voulez nos Juifs, cher M. Oberg, mais comment donc, c'est si gentil à vous de vous donner tout ce mal pour nous en débarrasser".
Et j'ajouterais même que, dans cette logique d'antisémitisme vichyssois, il aurait été naturel de demander en priorité la déportation des "nationaux" beaucoup plus difficile à écarter de la communauté française que celle des apatrides toujours susceptibles de chercher fortune ailleurs.
Nullement gêné par ma question, Nicolas a la réponse.
C'est parce que le Maréchal a peur des réactions de l'opinion et il en fournit aussitôt la preuve puisque le Maréchal a dit : "cette décision sera comprise par l'opinion".
C'est donc par démagogie et non par un souci humanitaire que Vichy a agi.
Que répondre à cela ?
Deux choses.
1/ Le résultat fut acquis car c'est grâce à cette négociation que les Juifs français et "de France" furent sauvés dans de si vastes proportions.
2/ Que le motif qui a fait agir Vichy est du domaine du secret des coeurs que Dieu seul connait car la phrase du Maréchal ne prouve pas plus la démagogie que la démocratie.
Se soucier de l'opinion est aussi naturel aux régimes démocratiques qu'aux régimes totalitaires. La différence vient du fait que dans les régimes totalitaires on façonne cette opinion à sa guise tandis que dans un régime démocratique (ou même seulement autoritaire) on ne le fait pas, ce qui fait qu'on s'en soucie davantage. |