Connait-on l'accord signé le 28 novembre 42 à Alger entre Fernand Grenier, délégué du PCF, et le colonel Remy pour les FFC gaullistes ?
Le document en question (qui porte les initiales de Maurice Thorez et émane directement du Comité Central du PCF)porte dans sa deuxième partie les douze points qui lient les communistes et les gaullistes. Les voici:
"a.- Nécessité de renforcer l'action du peuple français contre les envahisseurs et contre les traitres de Vichy.
b.- Rôle éminent joué, pour la libération de la patrie, par les soldats des FFC en Afrique ainsi que par les Francs Tireurs et Partisans en France.
c.- Les soldats des FFC en Afrique et les Francs Tireurs et Partisans en France sont des camarades de combat, les Francs Tireurs et Partisans se considèrent comme l'avant-garde des FFC en France.
d.- Rejet de la qualification de "terroristes" appliquée aux Francs Tireurs et Partisans qui mènent une action patriotique que tout Français digne de ce nom ne peut qu'approuver et que soutenir.
e.- Nécessité pour l'armée d'armistice de ne pas se laisser désarmer, de ne pas laisser tomber ses stocks d'armes et de munitions entre les mains de l'ennemi, de s'inspirer du glorieux exemple du général Mihaïlovitch pour développer la guerre de guérilla contre l'envahisseur.
f.- Nécessité pour les officiers et marins patriotes de Toulon, de ne reculer devant rien pour passer avec leurs bateaux dans le camp des alliés de la France pour empêcher, en tout état de cause que la flotte de Toulon tombe aux mains de l'ennemi.
g.- Nécessité d'une large union de tous les patriotes dans l'oeuvre commune de libération nationale; nécessité de ne tolérer demain qu'aucune parcelle quelconque de l'autorité des traitres de Vichy soit maintenue sur un territoire quelconque de France.
h.- Droit absolu du peuple français d'être appelé à fixer son destin en toute indépendance lorsque la patrie sera libérée.
i.- Nécessité, comme l'a proclamé le général de Gaulle, de ne pas séparer l'insurrection nationale de la libération nationale, ce qui nous fait un devoir de préparer le peuple de France à cette grande tâche de l'insurrection nationale qui sonnera demain au cadran de l'Histoire.
j.- Cette insurrection nationale sera préparée en collaboration étroite entre le PCF et les FFC selon les accords qu'il appartiendra au général de Gaulle et au délégué du PCF de prendre dès que les circonstances leur permettront de se rencontrer.
k.- D'ici que cette rencontre ait lieu, le PCF assure le représentant des FFC de sa meilleure collaboration sur les plans qui seront définis par des accords spéciaux, lesquels fixeront les conditions de l'aide réciproque que doivent se prêter les deux organisations pour mener à bien la lutte contre l'ennemi commun. Le représentant des FFC assure d'autre part le PCF en son nom et sous sa responsabilité personnelle qu'il fera de son mieux ppour aider les FTP à résoudre les divers problèmes qui se présentent devant eux dans l'organisation de la lutte commune contre l'ennemi.
l.- L'intervention spontanée du représentant des FFC a déjà eu pour résultat de permettre aux Francs Tireurs et Partisans de retenir en France des éléments précieux pour la guerre de libération."

Comme on le voit, le PCF se présente d'emblée comme le SEUL représentant de la résistance métropolitaine et demande un blanc-seing sur toutes les actions qui seront exécutées en France métropolitaine en vue de... l'insurrection nationale.
Source: "Histoire de la Résistance en France. Tome III" d'Henri Noguères. Ed Robert Laffont.
Paul Faure, socialiste français, publie en 1958, un petit livre intitulé "Histoire d'un faux et de ses conséquences", dans lequel il cite un document fort peu connu; une circulaire officielle, adressée d'Alger le 16 octobre 1943 par le Secrétaire du M.U.R.(obédience PCF) à tous les Comités départementaux de la libération. Extrait:
" L'insurrection a pour but de garantir l'élimination en quelques heures de tous les fonctionnaires d'autorité et la répression de la trahison, conformément aux légitimes aspirations de représailles des militants de la Résistance.
Jamais des mots d'ordre de modération ne devront être donnés. L'insurrection triomphante doit s'occuper d'abord de l'élimination des éléments hostiles. Ils doivent être immédiatement arrêtés ou abattus en cas de résistance. Le plan d'insurrection doit comporter une liste complète de ces individus avec adresse personelle, bureau, propriété à la campagne en cas de fuite.
Tous les journaux, à des degrés plus ou moins nets, ont trahi: empêcher leur parution est une oeuvre de salubrité publique. Il faut prévoir l'occupation des imprimeries.
Toute la pèriode précédant l'insurrection devra être marquée par une intensification progressive des exécutions de traitres."