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[...] On assiste à la situation absurde où ces "collaborateurs" des nazis se trouvent dans la catégorie favorisée que sont les personnes déplacées alors que les Juifs allemands, autrichiens et hongrois sont considérés comme "ennemis" et partagent à la portion congrue le sort de leurs concitoyens. L'exemple extrême de ce non-sens, ce sont les Juifs autrichiens et hongrois du camp de Buchenwald. Considérés comme "nationaux ennemis", ils sont arrêtés et enrôlés de force par les Britanniques dans des bataillons de travailleurs. Un comble, alors que dès le 15 avril 1945, le SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force)avait donné l'ordre précis de considérer comme personnes déplacées les nationaux ennemis persécutés pour des raisons de race, de religion ou d'activité pour le compte des Alliés. Bien que souvent répété, cet ordre est souvent ignoré par le commandement local pour lequel les Juifs allemands et autrichiens et d'autres pays de l'Axe sont toujours traités comme citoyens ennemis de ces pays. L'exclusion va durer. Edward Warburg, président du Congrès juif mondial, écrit en novembre 1945: "Le CICR se voit interdire de donner des colis de nourriture aux Juifs et aux politiciens de nationalité allemande (persécutés) parce qu'ils sont allemands." |