Ce livre est la démonstration qu’il est illusoire de vouloir comprendre la politique sans comprendre auparavant l’Histoire. Au-delà de la souffrance qui ne s’était pas arrêtée à la Libération pour les Juifs européens, on est amené à comprendre en partie tout le contexte qui a abouti à l’Etat d’Israël.
A mon avis, un livre indispensable
INTRODUCTION
« Tous les Juifs d'Europe doivent être éliminés. » C'est le credo raciste. obsession viscérale d'Adolf Hitler. Annoncée par le dictateur dans Mein Kampf, cette véritable « profession de foi » est répétée sans trêve lors des nombreuses manifestations de masse qu'il préside. Dans un premier temps, de 1933 à 1941, les nazis persécutent les Juifs du Reich avec une violence démentielle, les réduisant à l'état de « morts sociaux ». Privés de toutes ressources, parias exclus de la société. il ne leur reste pour survivre qu'une possibilité, fuir hors de leur patrie. Ils sont 525 000 Juifs allemands et autrichiens à devoir tout abandonner pour se réfugier à l'étranger, ce qui va en sauver la plupart. Puis, de 1941 à 1945, c'est la Shoah. A l"expulsion succède l'extermination de 5 700 000 Juifs européens.
La Libération arrive pays après pays, camp après camp pendant le premier semestre 1945. En Europe occidentale, un million de Juifs ont survécu dont 600000 réfugiés à l'étranger, hors des griffes de la Gestapo. Les 400000 autres restés en Europe ont, après bien des difficultés. retrouvé leurs droits et leur foyers. En Europe de l'Est, dans les pays qui seront plus tard derrière le « rideau de fer », survivent plus d'un million de Juifs. Pour eux les pogroms meurtriers se multiplient, les persécutions redoublent. Comme les Juifs du Reich avant la guerre, ils deviennent des « morts sociaux ». Il ne leur reste qu'une alternative, fuir leurs terres natales.
Au fil des années ce sont plus de 900 000 survivants juifs qui sont forcés de se réfugier à l'étranger. L'Europe de l'Est a ainsi été rendue « judenfirei » (sans Juifs). La « prophétie » que Hitler n'avait pas réussi à accomplir malgré les millions de victimes de la Shoa, a été réalisée par les populations et les gouvernements des « démocraties populaires ». Ils ont écrit le troisième chapitre de la « Destruction des Juifs d'Europe ». Ce chapitre s'est déroulé après la victoire alliée, après la disparition du IIIè Reich et de son Führer, sous les yeux du monde libre resté dans une large mesure antisémite malgré la « catastrophe juive ». Le présent ouvrage retrace l'histoire douloureuse de ce troisième. temps de « l'élimination des Juifs d'Europe ».
C'est un drame peu connu. La plupart des historiens des persécutions nazies contre les Juifs ont arrêté leurs travaux à la victoire, en mai 1945. Les ouvrages de langue française, très peu nombreux, qui abordent la période de l'après-guerre traitent tous de sujets spécifiques. Le martyre des survivants de la Shjoa est le premier livre à embrasser l'ensemble du sujet. II peut à ce titre questionner certaines idées reçues, relever des situations paradoxales et replacer certains événements dans un contexte plus large. Des voies nouvelles sont ouvertes à la réflexion. Des rapports entre les événements que les contemporains n'ont pus vus, que les historiens n'ont pas clairement identifiés, peuvent être mis en évidence.
Les citations contemporaines sont ici privilégiées. Elles permettent de comprendre avec plus d'intelligence l'attitude des acteurs de l'époque. Ils agissent en fonction de ce qu'ils savent et non de ce que nous avons appris depuis. Un grand nombre de citations émaillent le texte, remplaçant souvent une description ou un commentaire. Elles sont toutes minutieusement référencées enl bas de page.
Le livre débute par le « témoignage » d’un Juif polonais. Il décrit en quelques pages ce que fut, pendant neuf années, le calvaire d’un survivant qui pourtant n’a pas connu les camps nazis. Des dizaines de milliers de ses compatriotes ont connu les mêmes épreuves. Son témoignage mérite d’être décrit : il montre que la notion de survivant peut s’étendre au-delà des queslques 100 000 Juifs qui sortirent des camps nazis à la Libération.
TABLE DES MATIERES
Première partie
Des mois d’apocalypse
Janvier – juin 1945
Chap. 1 L’Occident « découvre » la barbarie nazie
Des morts et des squelettes vivants à perte de vue
Dachau « pire » que Maïdanek ?
Marche ou meurs
Emmurés vivants
On ne peut rien pour eux
Les sauvetages de la dernière heure
Chap. 2 Les délaissés
Une tâche pharaonique
Abandons
L’armée responsable des survivants
Les secours civils absents
Les Juifs, des personnes déplacées à part
Les « non rapatriables »
Les survivants oubliés de l’Est
Rapatriement en Europe orientale et centrale
Rapatriement en Europe occidentale
Deuxième partie
Des années sans futur
Août 1945 -14 mai 1948
Chap. 3 Les personnes déplacées juives doublement victimes
Des conditions de vie indignes
Eisenhower se défend
Convergences et dissensions anglo-saxonnes
Désaccords entre Occidentaux
L’art de retarder les échéances
Pressions sur Truman
Toujours plus de personnes déplacées juives
Chap. 4 Le déferlement des Juifs polonais
Les juifs polonais d’URSS
Les « judéo-communistes » polonais
L’élimination des Juifs
L’exode
Un exode organisé
L’accès problématique aux camps de personnes déplacées
Autres exodes de l’Est
Le moral dans les camps de personnes déplacées
Chap. 5 « Aidez-nous »
L’aide officielle
Le JOINT
Les discordes
Troisième partie
Ces Juifs dont personne ne veut
Décembre 1945 juillet 1948
Chap. 6 La barrière des quotas américains
Une réglementation raciste
Alternative aux quotas
Hostilité à l’arrivée de réfugiés juifs
1948 : une loi entrebâille la porte
Chap. 7 Tous, sauf les Juifs
Le refus britannique
La porte fermée canadienne
Réticence autraliennes
Chap. 8 La « Terre promise » interdite
Fuir « l’Europe ensanglantée »
« L’an prochain à Jérusalem »
L’Aliya contrariée
La chronologie des espoirs déçus
Quatrième partie
L’exode des survivants
1948 - 1952
La porte entrouverte de l’Amérique
L’arrivée en Israël
L’Europe communiste « judenfrei »
Les pays musulmans de la Méditerranée et du Proche-Orient « judenfrei »