Magazine "La Dernière guerre", Rochus Misch, Mers el-Kébir, Dictionnaire énervé, Hitler au théâtre...
Chers abonnés,
Sur le site
vous pouvez trouver un grand nombre de nouveautés :
- deux articles de votre serviteur parus dans les deux premiers numéros du magazine La Dernière guerre (au comité de rédaction duquel je participe en tant que conseiller historique), l’un sur la politique intérieure et extérieure de Hitler, et la cécité mondiale à son égard, jusqu’en 1938
, l’autre sur une question d’actualité : Faut-il rééditer Mein Kampf ?
(Le pari de lancer ce magazine encyclopédique, destiné à suivre jusqu’en 2016 les anniversaires du conflit, en ces temps économiquement difficiles, est d’ores et déjà largement gagné sur le plan critique : beaucoup de confrères nous ont fait l’honneur de présentations parfois longues et quelques-uns de silences non moins flatteurs. Les lettres de lecteurs affluent, toujours laudatives, souvent émaillées de suggestions constructives. Les candidatures d’auteurs également, qui nous permettent et nous permettront de plus en plus d’approcher notre idéal : faire traiter tout sujet par le chercheur le plus en pointe, au moins dans l’espace francophone. Reste à assurer la vie matérielle et, si c’est en bonne voie, ce n’est pas encore tout à fait gagné : puisse chaque lecteur enthousiaste être à chaque instant conscient que tout abonnement différé, toute occasion d’achat en kiosque négligée compliquent bêtement les choses. Et puis, c’est le moment, sinon de croire au père Noël, du moins de lui donner du travail !)
abonnement en ligne :
- une interview de Rochus Misch, le garde du corps de Hitler redécouvert grâce au film La Chute, rencontré par Antoine Dauer et moi-même en 2006 pour les besoins du film de Daniel Costelle sur Eva Braun : l’extrait publié porte sur la préparation du vol de Rudolf Hess et les répercussions de son annonce au Berghof. Une véritable mine, dans les deux sens du terme : carrière à ciel ouvert pour inventorier les procédés de base de la dissimulation hitlérienne, et charge explosive contre la vision traditionnelle et encore très en honneur du personnage, celle d’un impulsif perpétuellement en train d’arbitrer les querelles de lieutenants qui se mangent entre eux.
- un petit échantillon de la polémique souvent ridicule et presque toujours excessive qui a prétendu tempérer le triomphe de la série télévisée Apocalypse :
- un nouvel éditorial, en page d’accueil, qui à partir de ce dernier exemple et de beaucoup d’autres s’interroge sur la nervosité et l’agressivité croissantes des débats historiques et met en garde la profession contre une tendance à se discréditer par des attitudes corporatistes, difficilement compréhensibles et admissibles de l’extérieur. Certes, les attaques contre le formidable découvreur de traces qu’est Patrick Desbois, dont je vous ai entretenus dans les lettres précédentes et qui font l’objet de plusieurs articles du site, par exemple
, ont fort heureusement tendance à disparaître (notamment depuis l’ouverture prévue, et ô combien précoce, des archives de Yahad-In Unum le 15 octobre dernier), et n’ont toujours pas enrôlé sous leur bannière plus de deux historiens (moins critiques au demeurant envers le travail qu’envers sa médiatisation), tout le reste étant l’affaire de journalistes spectaculairement excités, mais impuissants à entraîner la masse de leurs confrères (à ce propos on peut toujours me visiter en prison et me causer au parloir :
). Mais les avanies subies par un chercheur, spécialiste des massacres de masse en Asie, méritent une sévérité sans faille : d’autres historiens, qui écrivent sur le Japon en connaissant sa langue, font mortel grief à ce confrère de l’ignorer et de s’être lancé tout de même dans un livre sur les exactions de « l’armée de l’empereur »... laquelle a opprimé une bonne vingtaine de pays dont peu d’entre eux connaissent tous les idiomes ! Il faudrait donc sans doute taxer d’amateurisme toute synthèse sur le sujet... Quant au site « Médiapart », une rubrique « Usages et mésusages de l’histoire » y fait appel à des bonnes volontés en demandant des lettres de motivation... auxquelles elle ne répond pas, ce qui tend à en faire une chasse gardée non déclarée.
- La rubrique ‘Lu’, assez léthargique ces derniers temps, va sous peu s’enrichir d’aperçus concernant trois écrits qui me font réagir :
*le livre d’Eric Roussel « Le Naufrage : 16 juin 1940 ». Il relève chez Gallimard le flambeau de la collection « Trente journées qui ont fait la France », en choisissant celle de l’avènement de Pétain. Brillant biographe de Georges Pompidou au lendemain de son décès, Roussel avait donné beaucoup plus tard un « Jean Monnet » riche et méticuleux, avant un « De Gaulle » surtout précieux par la publication de documents inédits
. Le présent texte, qui eût gagné à être relu pour ébarber de trop fréquentes erreurs de détail, est intéressant par quelques avancées, mais surtout représentatif de persistants blocages.
*le livre de Laurent Douzou sur Lucie Aubrac, première biographie de cette extraordinaire héroïne, doublée d’une merveilleuse pédagogue. Laurent Lemire a accueilli sur son site « L’agitateur d’idées » un premier aperçu de ma réaction :
*l’interview de Daniel Reynolds sur Churchill, par Olivier Wieviorka, dans “L’Histoire” de ce mois-ci, constellée d’erreurs et de sottises sur le Vieux Lion qui procèdent essentiellement d’un refus persistant de situer son action par rapport à celle de Hitler et au danger de sa victoire (délai de mise en ligne : une quinzaine de jours).
Ma propre production livresque se déploie dans deux directions :
- mon année de thèse et de prédilection, 1940, va être commémorée par la remise en vente de Churchill et les Français, le livre doublement maudit (première édition torpillée chez Plon en 1993 par des héritiers intégristes, deuxième handicapée en 2002 et suivantes par les difficultés puis la liquidation des éditions du Polygone), et par la publication d’un Mers el-Kébir (aux éditions de Guibert, désormais intégrées au groupe Desclée de Brouwer) qui approfondit et prolonge, en particulier, les découvertes de l’an 2000 sur les chaotiques débuts des rapports gaullo-britanniques. Plus généralement, il fait justice d’un nombre de préjugés (qui avaient entaché jusqu’à mes propres ouvrages !). Par exemple, l’idée que les Anglais se sont trop pressés de détruire cette flotte car Hitler avait d’ores et déjà renoncé à la faire revenir en métropole et acceptait son désarmement en Afrique du Nord : c’est là une invention pure, d’origine vichyssoise mais largement partagée par les "résistants" de tout poil et de toute nationalité, y compris britannique. Sortie prévue en mars. Débats de forums en avant-première, bientôt résumés sur le site :
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- Stéphane Chabenat lance aux Editions de l’Opportun une collection de « petits dictionnaires énervés » : sur la justice, l’école, Sarkozy... et m’a sollicité pour la Seconde Guerre mondiale. Ce devrait être un bon vecteur pour montrer ce qui progresse et ce qui piétine, ce qui est clair et ce qui reste brouillé. Vous verrez bien... en avril.
Enfin, last but not least, je m’apprête à accompagner Hitler au théâtre ! On trouvera ici
et là
la présentation de la pièce Mein Führer d’Henri Mariel, directeur du théâtre de l’Entracte à Saint-Herblain, qui s’inspire en partie de mes travaux biographiques (ainsi que du film sur Eva Braun), va être montée en 2010 (première possible à Avignon en juillet) et fait l’objet pour l’instant de lectures dont une assortie d’interventions de votre serviteur, le premier week-end de décembre.
Il me reste à donner rendez-vous aux Parisiens samedi prochain au salon du Livre résistant aux Invalides, et dimanche à celui du livre d’histoire de Versailles, en sa mairie.