... Jean-Paul Picaper, ancien correspondant du
Figaro en Allemagne (où il a enseigné), déjà auteur d'un livre
consacré à l'attentat du 20 juillet 1944 paru cette année chez L'Archipel (intéressant, mais je suis en désaccord relatif avec certaines affirmations touchant notamment à l'implication des conjurés dans les atrocités du régime), a pondu un
Berlin-Stasi (Syrtes, 2009) dont ma recension devrait paraître cette semaine sur le site de l'Histobibliothèque.
Ce livre, consacré à la police politique est-allemande, est très intéressant, bien écrit (et pour cause), très renseigné aussi, et apporte son lot de révélations (en particulier sur les rapports entre la contestation étudiante ouest-allemande et la
Stasi). Toutefois, je pense que son auteur n'est pas assez nuancé, et va parfois trop loin dans ses analyses. Histoire d'être clair en ce qui me concerne : que le communisme, en particulier celui d’importation soviétique, ait été mortifère et tyrannique est parfaitement établi, mais cette seule grille explicative de la République démocratique allemande apparaît, à mes yeux, singulièrement limitée, outre qu'il conviendrait de ne pas attribuer toutes les difficultés rencontrées par la R.F.A., notamment vis-à-vis des jeunes de la gauche non-parlementaire, aux espions de l'Est. A cet égard, les livres de Frederick Taylor et de Cyril Buffet, évoqués par Francis, me paraissent bien plus pertinents, et ils ne sombrent pas pour autant dans la complaisance "ostalgique" - bien au contraire, même.
Il faut y ajouter
Berlin-Ouest. Histoire d'une île allemande 1945-1989, Perrin, 2009, à la fois recueil de souvenirs et exposé historien - par Jacqueline Hénard - sur la partie occidentale de la capitale coupée en deux. A l'analyse historique et chronologique s'ajoutent de très intéressants chapitres sur la place économique et culturelle de Berlin-Ouest à travers le demi-siècle, sans oublier la gestion mémorielle de la Shoah, la mentalité spécifiquement ouest-berlinoise d'une population encerclée par le monde communiste, les aléas de la politique locale en matière d'immigration turque (un réfugié est-allemand s'en sortait généralement mieux qu'un immigré d'origine proche-orientale, et il n'est pas certain que ce dernier ait mieux vécu qu'un ressortissant de R.D.A.).
A lire également, cette synthèse de Daniel Vernet,
Petite histoire de la chute du communisme (éd. du Rocher, 2008), très claire, et surtout illustrée par Plantu. Enfin, sur le plan audiovisuel, il y a lieu de visionner le documentaire de Patrick Rotman (le réalisateur de la regrettée émission
Les Brûlures de l'Histoire),
Un mur à Berlin, diffusé par France Télévision.