La levée de boucliers suscitée dans tout l'arc-en-ciel politique par un certain prix Nobel est assez évocatrice du traitement de Churchill par l'histoire.
Il y a des moments où celle-ci passe par un individu, et notamment quand le besoin se fait sentir de réparer des dégâts d'importance, causés par un autre.
C'est là un défi majeur pour l'historien moderne, formé à juste titre au soupçon envers le premier degré des discours, et rompu, non moins légitimement, à la méfiance envers l'histoire "grands hommes" et l'histoire "batailles".
N'empêche que... Laissant là Obama pour ne pas abuser de la mansuétude des modérateurs, je réaffirme que Churchill a bel et bien dirigé (fût-ce en flattant des patrons plus puissants) l'équipe de toubibs opérant le cancer nazi et fait prévaloir à tous les carrefours les choix favorisant la guérison.
Faute d'être prêt à l'admettre, l'historien se croit tenu de faire des critiques, et lorsqu'il croit avoir cerné un défaut du personnage, le met volontiers à toutes les sauces. A Mers el-Kébir, il a violé ses amiraux qui auraient obtenu bien sûr le même résultat, voire un bien meilleur, s'il leur avait fait plus confiance. Contre l'Allemagne, de même, il a fait preuve d'une violence excessive.
La vérité, du moins la plus fondamentale, c'est que le défi nazi était à la fois très dangereux et très subtil et que dans ces deux moments, juillet 40 c'est-à-dire le tout début du vrai duel, puis l'assaut final contre l'Allemagne, il fallait affirmer haut et fort qu'avec ce fléau on ne discutait pas.
Il fallait : pas très "historien" en apparence ! Mais tout le monde a compris que je voulais dire : il fallait, si on voulait vaincre le nazisme. |