Bonjour,
La photo promise ! Elle est agrandie et surtout élargie. En effet, elle affiche également la partie gauche qui recouvre la tranche du livre. On y distingue vaguement un policier, vu de dos (dans l'allée, en haut, à gauche).
Comme je l'ai déjà dit, je n'accorde guère d'importance à cette photo. Elle a une valeur de "symbole".
Je saisis l'occasion qui m'est accordée pour rappeler un débat, sur un forum disparu, à propos des documents photographiques. Ce débat, les anciens s'en souviennent et Jacques certainement, tournait autour d'une photo de carcasse d'un engin blindé. Les uns s'intéressaient au calibre du canon tandis que d'autres ne voyaient que le corps disloqué d'un soldat gisant au pied de l'épave. Deux visions totalement différentes d'un même cliché! Et de débattre sur sa valeur documentaire. Une photo n'est jamais que l'instantané d'un évènement, filtré à travers de nombreux prismes. Prismes physiques: ceux de l'objectif; prismes de l'oeil du photographe qui choisit un angle de vue, une focale, une profondeur de champs; prismes enfin du regard du spectateur qui se focalisera sur tel ou tel aspect du cliché.
Toujours à propos de cette photo du Vel' d'Hiv'! Ce qu'en disait Annette Wieviorka, historienne au CNRS, lors d'un entretien qu'elle accordait, en juillet 2002, au journal "Libération:
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La rafle du Vel' d'hiv est la plus massive de l'occupation en France. Qu'est-ce que les Parisiens en ont vu ?
En dehors d'une évocation indirecte dans les "Cahiers noirs" de Mauriac (ce n'est pas lui qui a vu), on n'en trouve aucun témoignage écrit dans les journaux intimes des non-juifs. La presse de la Résistance, notamment celle des communistes juifs, en rend compte. Mais les gens n'ont pas vu. Ils n'ont pas pris conscience de ce qui se passait. Il n'y a pas une seule photo. Pas de film amateur. Rien. C'est quelque chose qui s'est déroulé sans qu'il y ait de traces visibles et contemporaines. Pendant longtemps, il y a eu une photo du Vel' d'hiv qu'on voyait partout. Un jour, Serge Klarsfeld l'a regardée de près : il s'est rendu compte que c'étaient des collaborateurs internés après la guerre. Ensuite, il a retrouvé une photo, une seule, où on voit des autobus au Vel' d'hiv. C'est tout.
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Cette unique photo dont parle Annette Wieviorka, où on voit des autobus stationnés le long du Vel' d'Hiv, vous pourrez la découvrir à l'adresse ci-dessous: |