Je termine la lecture du "roman-vrai"* de Didier Daeninckx, Missak (Manouchian) publié chez Perrin (2009).
Membre responsable d'une unité des FTP-MOI, on sait qu'il fut condamné à mort et fusillé avec ses compagnons, ceux de L'affiche rouge qui a déjà suscité essais, romans, docus et films. Mais j'ai un problème: si Daeninckx est toujours un conteur remarquable, pourquoi a-t-il employé le registre de la fiction - un "roman", c'est écrit en page de titre - pour nous raconter la vie, les engagements et la mort d'une figure révolutionnaire et romantique figée dans une mémoire communiste d'où toute dimension humaine avait été évacuée dès les 50's ? Avec son sens du dialogue, son art de la description concise et nostalgique du Paris d'avant les trente glorieuses, il aurait pu éviter le roman pour une vraie bio même avec des dialogues reconstitués d'après ses sources. (témoignages oraux, Journaux, archives de la police et des RG, etc.) Là c'est un peu comme avec certains docu-fictions, le passionné d'Histoire est embêté. Qu'est-ce qui est réel et qu'est que l'écrivain a inventé pour faire progresser son récit ? Perso, ça me gêne...
Si d'autres intervenants l'ont lu ou sont en train de le faire, j'aimerais avoir leur avis sur ce procédé littéraire qui prend des libertés avec l'histoire.
Cordialement.
RC
* Ça n'est pas un roman historique mais le résultat d'une enquête historienne avec les conseils de chercheurs qui planchent depuis des années sur le PCF pendant la WW2 et sous l'occupation. |