Bonjour... Bonsoir,
Dans les années 80, de jeunes et moins jeunes auteurs français furent regroupés par une critique qui peine toujours à explorer un roman différent comme un texte singulier sous le vocable de "néo-polar politique". Pagan, Izzo, Topin, Fajardie, Raynal (actuel directeur de la Série Noire) et bien sûr Daeninckx n'avaient en commun que le besoin de dire l'état d'une société, avec ses blessures, ses injustices et ses amnésies en utilisant un genre longtemps considéré comme mineur : le roman policier. A l'époque, on parlait peu de la guerre d'Algérie et plus précisément de la terrible nuit d'octobre 1961 durant laquelle certains policiers du préfet Papon lynchèrent des manifestants algériens désarmés. Daeninckx est un auteur engagé et il ne s'en est jamais caché. Avec cette terrible guerre "oubliée" depuis un peu plus de vingt ans au début des années 80, et alors que le "Canard Enchaîné" avait levé le lièvre de Papon ministre de Giscard et complice des nazis pour les déportations sous Vichy, avant de connaitre la carrière exemplaire d'un haut fonctionnaire en Algérie, puis en France durant la 4e République et sous le régime gaullien, il tenait un excellent sujet de polar politico-historique.
L'argument est simple :
Durant la sanglante nuit d'octobre, un petit prof d'histoire est la victime d'une bavure causée par des flics qui tapent dans le tas. Vingt ans après, son fils, historien lui aussi, se fait descendre alors qu'il se documente sur un dossier chaud.. Coïncidence...? Un inspecteur très (trop) curieux et atypique fraîchement muté à Toulouse va se charger de l'enquête. Et lui aussi se passionne pour l'histoire...
Daeninckx maîtrise très bien son sujet et l'intrigue de ce polar très noir qu'il construit avec rigueur nous entraîne dans cette histoire de France douloureuse qui mit si longtemps à être simplement dite, avant d'être étudiée et acceptée.
Une autre nuit blanche en perspective !
Amicalement,
René Claude