Le débat "fallait-il bombarder Auschwitz, les voies ferrées y menant etc." prend son essor à la fin des années 70.
Sur le moment,la question ne s'est posée qu'un bref moment, en juin-juillet 44, dans l'émotion causée par la déportation rapide et spectaculaire des Juifs hongrois. Quelques études de faisabilité ont conclu qu'on ne pouvait empêcher grand-chose et on en est resté là.
Churchill a joué, comme souvent, un rôle pour faire triompher l'idée que la seule action efficace était de gagner la guerre au plus vite... et le reproche d'abandon des Juifs est en conséquence l'un des plus courus de l'anti-churchillianisme mondain et superficiel qui a pignon sur rue depuis une quarantaine d'années.
Inversement, l'idée, qui grandit lentement et à mon avis sûrement, que Hitler était jusqu'au bout un client redoutable, pourrait faire rentrer ces spéculations dans le néant où elles auraient pu croupir sans léser personne. Entrer dans une logique spécifique de sauvetage des Juifs, c'était trier dans ses actions et donc se mettre, qu'on le voulût ou non, en position de négocier avec lui. Or précisément en Hongrie la persécution s'accompagna dès le début, de la part d'Eichmann notamment, de tentatives insistantes en direction des Alliés de l'Ouest pour leur représenter qu'ils pouvaient sauver des Juifs, voire les Juifs, à telle ou telle condition. |