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| | Journal de guerre / Paul Struye Pâques 1944 de Francis Deleu le dimanche 12 avril 2009 à 17h50Bonsoir,
Dans le tohu-bohu des derniers jours, le dimanche de Pâques du 9 avril 1944 narré par Paul Struye : Mes voyages forcés d'otage continuent. Toutes les trois nuits, je vais à Maastricht. Le moral des otages est fort bon. Les dernières fois, on a visité soigneusement ns bagages. On n'a rien découvert de suspect. Mais une autre équipe s'était livrée à la fraude sur une vaste échelle, échangeant des cigarettes contre du nougat ou du poivre... Les Belges sont décidément indécrottables.
Hier, Staline a annoncé que ses troupes avaient atteint la frontière tchécoslovaque et pénétré profondément en Roumanie. La chute d'Odessa paraît imminente. Grands raids américains sur l'Est de l'Allemagne. Posen a été atteint.
Un communiqué allemand annonce de gros "succès", mais il ne s'agit que d'arrestations de "terroristes" en Belgique. Il y en aurait eu 4.700 en un an.
De plus en plus, on entend parler de jeunes gens, jeunes filles ou adultes qui se cachent ou ont "pris le maquis".
Les "voyages forcés d'otage" écrit Paul Struye ?
Pour dissuader la Résistance d'attaquer les convois ferroviaires, l'occupant allemand n'avait rien trouver de mieux que de "réquisitionner" quelques notables ou personnalités en vue pour accompagner les convois en qualité de Sicherungspersonen (personnes de sécurité).
Le récit de Paul Struye : Vendredi, j'ai fait - sous menace de mort - mon premier service de convoiement de trains militaires. Mon groupe comprend quatre avocats, un industriel, un professeur de l'enseignement technique et un boucher. Si les avocats se croient tous désignés par "quelqu'un du Palais" à cause de leurs opinions notoirement anglophiles ou des difficultés qu'ils ont déjà eues avec l'occupant, les autres otages ignorent ce qui a pu leur valoir d'être appelés à faire partie du groupe. Introduits dans le bureau d'un Bahnhofswachoffizier, nous nous entendons déclarer que le commandement allemand a été "obligé" de désigner des Sicherungspersonen pour convoyer les trains de permissionnaires, en raison des attentats ou actes de sabotage dont ces trains avaient été l'objet. Nous devrons tous les trois jours convoyer le train de 20 h pour Maastricht et y reprendre à 3 h 30 du matin l'express de Vienne. L'officier ajoute qu'il n'y a eu jusqu'à présent aucun accident sur les trains où l'on a placé des otages et nous souhaite la même chance (!). Il précise et répète que nous ne sommes pas des prisonniers (sic) et que nous avons droit à une place assise. À une question de l'un d'entre nous, il annonce que notre "service" sera d'une durée de dix semaines qui pourra être allongée ou abrégée suivant qu'il y aura ou non des actes de sabotage. C'est charmant.
Sous la conduite d'un gendarme belge, nous nous installons dans le premier wagon qui, surprise agréable, est un wagon de 1ère et 2de classe.
Le voyage est donc assez confortable. A Hasselt, nous changeons de wagon et avons le plaisir de voir déloger de notre compartiment - toujours de seconde - les permissionnaires qui l'occupaient et qui, ô discipline bien allemande, se laissent expulser sans un grognement et restent sagement debout dans le couloir.
À Maastricht, nous sommes introduits dans une cantine - salle de cinéma où on peut consommer de la bière de qualité honorable, et des gâteaux d'aspect peu appétissant. À minuit, elle se ferme et nous prenons place dans une salle d'attente, bien chauffée et éclairée, ornée (?) d'un affreux portrait de Hitler en couleur et d'autres portraits de généraux allemand. Périodiquement, un haut-parleur annonce que le train de Vienne a du retard: 50 puis 120, puis 270 minutes. Il arrive vers 8 h du matin. Cette fois, nous sommes installés dans un compartiment malpropre de 3e, mal chauffé. En cours de route, on apprend qu'il y a eu un acte de sabotage pendant la nuit et qu'il faut faire le détour par Landen. Nous arrivons Bruxelles à midi, exténués et avec l'affligeante perspective de recommencer dès lundi !
Le train est rempli de permissionnaires porteurs de volumineux bagages et de leurs armes.
Nous avons pu faire un petit tour dans Maastricht. Nombreuses affiches de propagande pro-allemande. Recommandations à la population en cas d'invasion.
Bien cordialement,
Francis. |
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