Le 26 aout 1942, un garçon de 16 ans, André Wolff, a été arrété par la gendarmerie française dans un hameau de la Creuse (en zone libre), où ses parents s'étaient réfugiés.
Il a fait le récit suivant :
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Cinq gendarmes de Pontarion sont venus vers quatre heures du matin. Ils octroyèrent à ma mère un quart d’heure pour remplir une valise. Quant à moi, voulant sortir pour satisfaire un besoin naturel, je reçus du gendarme Magnol qui conduisait cette héroïque expédition une paire de gifles. Des coups, j’en ai reçu beaucoup là-bas, mais cette humiliation-là, je ne l’ai jamais oubliée.
Ils nous amenèrent à Boussac, petit camp de transit installé dans une cartoucherie désaffectée. Nous y sommes restés quelques heures et à la nuit tombante, départ vers le camp de Nexon.
Passage par le camp de Nexon (près de Limoges) Nexon, de par son étendue, 2ème camp d’internement français, gardé par la police, la gendarmerie et la milice : tous français. Les Allemands n’y ont pratiquement jamais mis les pieds.
Nexon : 600 à 800 prisonniers parqués dans une douzaine de baraques. 24 latrines dans un camp où ont régné du début à la fin en permanence dysenterie, diphtérie, typhoïde. 60 robinets situés sur le terre-plein du camp, souvent gelés l’hiver ; et n’oublions pas les 3 douches, je le répète pour 600 à 800 internés. Nexon, où nous avons retrouvé mon père, que les gendarmes avaient amené de Neuvic-d'Ussel. Là, à l’intérieur du camp, il reçut son acte de libération des GTE. Vichy le libérait des travaux forcés pour l’envoyer vers la mort. Nous avons reçu aussi la visite d’un fonctionnaire de Vichy qui nous assura que nous serions convenablement traités, envoyés en Allemagne ou en Pologne et serions astreints au travail de la terre, mais que les familles ne seraient pas dispersées. Il nous proposa aussi de lui remettre nos biens : argent, objets de valeur, bijoux, qui nous seraient intégralement remis à la fin de la guerre. Je me souviens de la réflexion de ma mère : « l’essentiel c’est que nous restions ensemble ». Nous sommes restés un jour et une nuit à Nexon et ce fut le départ vers Drancy. A la ligne de démarcation, nous attendait la Feldgendarmerie allemande, prenant le relais de la gendarmerie française. Une journée à Drancy et le départ vers l’enfer.
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Georges Laroche