Bonjour,
Je poursuis la lecture passionnante de la biographie de Belot.
Une des grandes polémiques de la Résistance intérieure et de son histoire est cristallisée autour de l'opposition générale entre le patron de "Combat" et Jean Moulin, délégué du général de Gaulle.
Cette divergence politique qui devint virulente en 1943 fut parfois exagérément grossie au point de réduire les relations entre Frenay et les gaullistes, Moulin en tête, à un "combat des chefs" un peu caricatural... Les relations entre le patron du principal mouvement de Résistance et celui des free french ne suit pas non plus une progression linéaire qui doit aboutir à un "clash".
En 1941, Henri Frenay pense que le général de Gaulle se trompe. Citons là encore son biographe avisé :
"Globalement, le Mouvement de Libération Nationale (avant "Combat") considère que l'action de De Gaulle est "une erreur". D'abord pour des raisons opérationnelles. "Nous sommes convaincus qu'on défend mieux son pays en y restant qu'en le quittant. Si les meilleurs éléments avaient suivi l'appel venant de la radio de Londres, la France serait livrée aux Déat, Doriot, Deloncle,etc. (...) À ce titre, nous nous sommes toujours opposés au départ en Angleterre de certains de nos amis, rongés par l'impatience et le besoin d'agir. Nous continuerons."(...) Ensuite pour des raisons politiques. L'opposition frontale du gaullisme à l'égard de l'action de Pétain dérange Frenay : "Nous condamnons la propagande souvent injuste qui attaque notre gouvernement et surtout le Maréchal. Cette propagande fait souvent preuve d'une méconnaissance absolue des réalités inélectables de l'Occupation." Pourtant, le MLN ne condamne pas les Français qui, par patriotisme, ont jugé bon de rejoindre les Forces françaises libres." Et Robert Belot d'ajouter :
"Surtout, Frenay ne voit pas que des inconvénients à la présence, à Londres, dans le dernier pays européen qui résiste à l'Allemagne, d'une sorte de représentation de la France qui a dit non."
(Les citations de Frenay concernant le gaullisme en 1941reproduites par le biographe sont extraites d'un document rare : "Positions de notre Mouvement vis-à-vis du gaullisme" qui provient du fonds J.G. Barlangue, à Toulouse.)
On voit que les positions politiques de Frenay sont à cette période peu claires. Exceptée une confiance persistante et pour quelques temps encore en Pétain, mais une défiance de plus en plus marquée à l'encontre des membres de son entourage, le fondateur du MLN peine à définir une ligne pour son mouvement. Des rencontres seront décisives pour l'affirmation d'une ligne plus marquée...
Cordialement,
René Claude |