Dans la succession d'erreurs, d'oublis et de trahisons qui a mené à l'arrestation et à la mort de Jean Mouin, un personnage a eu droit à une mansuétude bien étonnante lors des deux procès Hardy et dans la mémoire de la Résistance jusqu'à aujourd'hui : Henri AUBRY, cadre de "Combat" est le responsable qui, le 26 mai 43, a fait déposer l'avis de rendez-vous entre Hardy et Delestraint en clair dans une boîte à lettres "brûlée"... Le chef de l'Armée Secrète sera arrêté à Paris le 9 juin à la suite de l'interception de l'avis de Aubry par un agent français au service du SD. Tout aussi grave, il avouera avoir beaucoup parlé aux interrogateurs nazis (et même écrit) lors de son séjour en prison... Il sera relâché discrètement quelques mois plus tard , pour bonne conduite et coopération...?!
A la Libération et durant les deux procès Hardy, jamais Aubry ne sera sérieusement interrogé sur son rôle dans l'identification de Jean Moulin parmi les détenus arrêtés à Caluire. Je trouve que cela fait beaucoup pour un homme que l'on nous présente souvent comme quelqu'un qui était exténué en 43 après plus de deux années de clandestinité; mais alors, pourquoi lui avoir confié des missions pour lesquelles il n'était plus en état de travailler ? Manque de cadres compétents... Admettons. Nerveusement affaibli... ils et elles l'étaient tous. Mais pourquoi Bénouville et Frenay l'ont-ils couvert alors qu'ils savaient qu'il était aussi responsable (coupable ?) de la chute de Moulin ? pour moi, il porte autant de responsabilité dans la mort du délégué du général De Gaulle que Hardy .Quant à Bénouville, il est mort l'année dernière avec ses secrets...
Amicalement,
René Claude |