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| | Piotr Grigorenko MEMOIRES / Piotr GrigorenkoEn réponse à -3 -2 Authentique ou non ? de Francis Deleu le jeudi 19 juin 2008 à 14h14
Bonjour,
J'aurai l'occasion demain de voir cette revue et compte bien suivre la piste de cette intoxication... française ! Merci François de tenter d'éclaircir ce point controversé de l'histoire du Pacte germano-soviétique. Le discours "secret" de Staline - celui du 19 août 1939 - a tendance à se multiplier sur la Toile sans que l'authenticité en soit démontrée.
En attendant, un extrait du livre de Yves Santamaria, 1939, Le Pacte germano-soviétique, paru en juin 1999 au feu éditions Complexes.
NB: le passage où il est question du discours secret a été souligné par mes soins. **********
- La théorie des "deux fers au feu" séduit par sa construction d'un Staline maître ès-duplicité et meilleur élève de Lénine en matière de louvoiement entre impérialismes. Elle penche, et notamment chez G.L. Weinberg ou D.C. Watt, en faveur d'une inclination fondamentale du dirigeant soviétique vers l'Allemagne: la diplomatie secrète pèse, dans cette optique, d'un poids incomparablement plus lourd que la diplomatie officielle de 1933-1939. Elle hésite pourtant quant aux buts du dictateur : s'agissait-il d'un accroissement opportuniste de puissance ou bien les considérations géopolitiques étaient-elles mises au service d'un projet révolutionnaire ?
- C'est par l'affirmative que le courant que l'on qualifiera de "préventiviste" ou "offensiviste" répond à cette dernière question. La deuxième guerre a été provoquée sciemment par Staline, dans la perspective d'un affaiblissement des belligérants. Les mois de la drôle d'alliance ont été mis à profit non pour renforcer la défense, mais pour accroître le potentiel offensif de l'URSS. Dans cette optique (celle de Suvorov ou Maser), la perspective de l'attaque anticipées vaut davantage pour Staline (qui connaît les intentions de l'ennemi) que pour Hitler (thèse de Toppisch ou Post), ce dernier ayant en définitive dégainé le premier.
La plupart s'accordent à déplorer le déséquilibre existant entre archives soviétiques et documents allemands, même si ces derniers commencent seulement à être sollicités pour ce qu'il nous apprennent sur la politique soviétique en 1941.
C'est pourquoi les auteurs "préventivistes" allemands font grand cas des pièces saisies en URSS - et ne particulier des forces du NKVD - par la Wehrmacht, susceptibles d'illustrer le Drang nach Westen stalinien. Force est pourtant de s'en contenter lorsqu'on sait que les fonds NKVD conservés dans les archives d'Etat de la Fédération de Russie couvrent la période 1944-1956, alors que les documents antérieurs (1937-1943) demeurent sous la vigilance de la Sécurité d'Etat. "On aimerait connaître d'avantage ce qui se passait dans l'esprit de Staline et de Jdanov !" Le soupir poussé en 1989 par le professeurs John C. Cairns lors du colloque de Paris consacré aux origines de la guerre reste largement d'actualité. La clé de l'énigme a pu sembler fournie par la récente publication en Russie de l'intervention de Staline devant le Politburo du 19 août 1939. Repris dans divers organes de presse européens (mais pas en France), le texte s'est révélé largement similaire à celui qui, publié par Le Temps en novembre 1939, était censé rendre compte du motif fondamental de la décision de Staline : déclencher la guerre à l'Ouest afin que l'Armée rouge pût suppléer, l'heure venue, aux carences d'un prolétariat défaillant. Le document trouvé en Russie provenait en fait de fonds français, saisis par les Allemands et depuis peu rapatriés (et inconsultables...) à Fontainebleau, ce qui en soi n'autorise personne à trancher en faveur de la fuite ou de la fabrication policière.
On demeure donc quelque peu bridé lorsque s'offre la tentation "contre-factuelle" : à la réécriture d'une Histoire sans Pacte se couple naturellement la question de la place de l'accord dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Bien cordialement,
Francis. |
*** / *** lue 1926 fois et validée par LDG |
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