Sur les Françaises volontaires en Allemagne.
(Les Russkofs p.171)
"Maria me demande: les Françaises sont toutes comme ça? Bien emmerdé je suis pour lui expliquer que les filles venues travailler en Allemagne l'ont toutes fait volontairement, que ce sont de malheureuses raclures, des épaves, qui voyaient ça comme l'Aventure, la chance unique de redémarrer sur de nouvelles bases une vie irrémédiablement loupée. Elles sont jeunes, assez, et elles ont déjà la dégaine de la vieille morue acoolo qui fait des pipes aux clochards pour un coup de rouge, rue Quincampoix, derrière les Halles.
Maquillées en carnaval, rimmel, faux cils et tout, - pour bosser dans le cambouis- tortillant leur popotin gras doubleux perché sur leurs talons de quinze centimètres, cradingues à puer, et puant, noyant ça sous des pelletées de parfum de prisunic, camouflant tant bien que mal à grand renfort de cataplasmes platreux des bubons violacés et des plaques rouges ou livides, irradiant la chaude pisse et la vérole, l'oeil mauvais, la bouche veule, elles perdent peu à peu l'espoir de lever le fils à papa STO ou le naïf militaire chleuh, qui a pris à Paris le goût des belles madames vrançaises, et avec l'espoir, elles perdent leur vernis de faux luxe en peau de lapin.
La plupart finissent sur le tapin autour d'Alexander Platz pour le compte de barbillons français, prisonniers ou STO en cavale, qui ont mis la poigne sur le mitan berlinois, maquent même des femmes chleues, tiennent des bars, des tripots, trafiquent marché noir et faux papiers pour déserteurs allemands..." |