Si je regrette les limites de la pétition, elle n'en a pas moins une grande valeur dénonciatrice, qui montre le chemin parcouru depuis juillet 2005, un temps où certains, par exemple ici même, se scandalisaient qu'on osât poser des questions et ne pas dire rassasié, et rassuré, par le constat de l'existence de faux délivré par les squelettiques informations officielles.
Le plus accusateur, peut-être, est dans l’adresse : la mise en ligne, le 3 mai, d’un dossier sur le site des NA est superbement ignorée... au profit d’un reportage sur elle paru dans le Financial Times, et c’est à celui-ci que la demande d'un rapport officiel est faite ! C’est là se donner les gants de ne pas apostropher la direction des Archives, ni les autorités gouvernementales qui dans une affaire de cette envergure guident étroitement ses décisions (le Conseil des poursuites de la Couronne étant nommément cité), alors que tout le monde peut voir qu’ils sont les vrais destinataires. En d’autres termes : le gouvernement de Sa Majesté vient d’agir bien légèrement.
L’affaire est située à son vrai niveau : en réagissant aussi mollement, les autorités encouragent le vice, non seulement à Kew, mais dans le monde entier. C’est la crédibilité de toute la production historique à venir qui est en jeu.
D’ores et déjà, les faussaires ont le vent en poupe : ils sèment le doute sur la provenance des faux. Effectivement, le dossier mis en ligne ainsi que, plus longuement, l’article de Fenton du 1er mai, font état du système de défense d’Allen, suivant lequel on a glissé les faux après qu’il eut consulté les originaux, afin de discréditer ses découvertes. Le dernier § de Kershaw & C° revient à dire qu’en l’état actuel du dossier cette affirmation est tout à fait crédible. |